De mémoire, d'action et d'amour : les relations hommes/femmes dans les écrits du for privé au XVIIe siècle

International audienceMieux connaître les relations des hommes et des femmes à l'époque moderne, et particulièrement au XVIIe siècle, signifie pour l'historien interroger des faits et gestes certes quotidiens, mais qui n'ont pas forcément laissé de trace écrite. Ce sont là choses banales pour lesquelles le chercheur doit inventer force ruses, tactiques et stratégies, afin de ressusciter les liens et les ruptures, les affections et les désaffections, la confiance partagée ou refusée, les charges assumées, négligées ou interdites, en bref tout ce qui donne à un individu sa place au sein du groupe et forge son identité sociale. Les livres de raison offrent à celui qui s'apprête à dépasser l'aridité d'une source comptable et fragmentaire l'opportunité d'approcher la réalité de liens figurés en quelques mots brefs. Véritables registres de vie domestique, on peut s'attendre à trouver ici des renseignements de premier choix sur les relations hommes/femmes à l'époque moderne. Tentons d'ouvrir quelques pistes de réflexion à partir d'un seul mot : au sein de la parenté, théâtre d'écriture privilégié du livre de raison, on envisagera a priori les liens en forme de partage. Premier partage, celui de la plume : qui écrit le livre de famille ? Existe-t-il une partition stricte de la responsabilité d'écrire la mémoire familiale et si oui, pour quelles raisons ? Le deuxième partage envisagé sera celui des affaires domestiques : les livres de raison permettent-ils de cerner le rayon d'action de chacun au sein du foyer et les relations nées d'éventuelles distinctions fonctionnelles ? Enfin, supposons que le partage signifie l'affection ou éventuellement son contraire : l'historien des mentalités souhaite, bien sûr, lire entre les lignes et aller au plus près du secret des cœurs lorsqu'il ouvre ce genre d'écrits, même si l'entreprise s'avère fort délicate