Marcel Schwob et Alfred Jarry : Des difficultés de la synthèse

International audienceDans la préface de Cœur double, paru en 1891, Schwob se livre à un brillant essai sur la littérature. On ne peut s'empêcher, à la lecture de cette dizaine de pages denses, de penser à un traité de pataphysique avant l'heure. La comparaison des deux univers esthétiques de Schwob et Jarry, au premier abord très éloignés, permet de mettre à jour certains éléments marquants de l'histoire des idées à la fin du XIXe siècle, que l'on peut résumer par la notion de synthèse. On peut en effet rapprocher ces deux auteurs par quatre éléments communs : le rôle du hasard, la polarisation de la réalité, le symbole synthétique et la fragmentation. Schwob et Jarry sont à la recherche d'un moyen de faire fusionner intériorité et extériorité, masculinité et féminité, histoire et vie privée ; mais ce sont leurs échecs dans cette quête qui déterminent leur esthétique, esthétique du fragment chez Schwob, esthétique du monstre chez Jarry