Les répercussions des hospitalisations psychiatriques sur l'accès aux soins de première ligne.

Contexte: En 2000-2001, deux Universités ont étudié l'intérêt d'un référent hospitalier chargé, dès l'admission du patient en hôpital psychiatrique d'évaluer ses besoins spécifiques et de mettre en place, avec lui et son aidant naturel éventuel, les repères nécessaires pour une sortie et une continuité des soins optimales. Plus d'un millier de patients ont été inclus et plus de 600 variables collectées. Objectif de la communication : Comparer le suivi médical avant et après l'hospitalisation en termes de contre-référence notamment entre l'institution, les médecins de libre pratique et les soins et services à domicile. Méthode : 39 hôpitaux psychiatriques ont participé. Les patients hospitalisés (633 néerlandophones et 531 francophones) sont inclus sur base de critères obligatoires (diagnostics) et complémentaires (risques de réhospitalisation). Un dossier d'évaluation était complété 15 jours après l'admission du patient et 5 jours avant sa sortie. Ensuite, deux bilans sont effectués 15 et 90 jours après la sortie. Résultats : Plus de 80% des patients n'ont aucune activité professionnelle au moment de leur hospitalisation. Une plus grande proportion de patients néerlandophones vit en habitat collectif ou sous surveillance judiciaire tandis que les francophones bénéficient plus souvent d'aide de leur famille. La durée du séjour hospitalier est plus élevée en Flandre, mais le nombre de médicaments différents avec lesquels repartent les patients est plus élevé en Wallonie. Les analyses mettent en évidence l'influence marquante de la région (avant même l'âge, le sexe et la pathologie) sur le nombre de médicaments prescrits. Plus des _ des patients sortent de l'hôpital avec un psychiatre traitant de l'institution où ils ont séjourné. Si les patients avaient leur psychiatre traitant attaché à l'institution avant leur hospitalisation, il le reste 9 fois sur 10. Par contre, parmi les patients suivis avant leur hospitalisation par un psychiatre traitant étranger à l'institution, près d'un patient sur deux se voit proposer à la sortie un psychiatre traitant attaché à l'institution. Discussion : Sans pouvoir expliquer le phénomène, les auteurs ont voulu poser la question de l'apparente centralisation des soins subséquente à l'hospitalisation psychiatrique. Cette constatation, au-delà de conclusions trop faciles d'un éventuel d'hospitalocentrisme, pose surtout la question de l'organisation du relais entre les services hospitaliers et les soins et services de première ligne pour des patients atteints de pathologie psychiatrique lourde. Ils posent également la question de l'existence de services décentralisés capables de gérer des situations complexes de santé mentale, et la question du soutien aux familles et accompagnants, souvent fort démunis face aux patients qu'ils sont amenés à entourer au quotidien