Villes rétrécissantes et projets urbains: des expériences à observer pour réinterroger le système parcellaire actuel et son devenir

Journée d'étude organisée à l'Université Paris Est Val de Marne, par Groupe Transversal du LABEX Futurs Urbains : Usages de l'histoire et devenirs urbainsNational audienceLa parcelle, " objet " oublié de l'urbanisme moderne, revient aujourd'hui au cœur des débats sur la fabrication de la ville. Cette tendance est particulièrement visible dans certaines villes européennes dites " rétrécissantes " ou " décroissantes " (shrinking cities). Jusqu'à récemment, les projets urbains les plus emblématiques de ces territoires rétrécissants étaient impulsés par des politiques urbaines, économiques et culturelles fortes pour changer l'image de la ville, et attirer de nouvelles populations et de nouveaux investisseurs (ex. : Bilbao, Lens, Saint-Etienne, la Ruhr, Gênes, Liverpool-Manchester, etc.). Dans certaines anciennes villes industrielles en décroissance, la volonté d'avoir des projets architecturaux et urbains phares a engendré de manière récurrente la reconquête de grandes friches industrielles. Le travail de recomposition et de reconnexion du site au reste du territoire débouchait généralement sur une pensée de redécoupage des sols en macro-ilot plutôt qu'à l'échelle de la parcelle. Depuis une dizaine d'années, la meilleure connaissance du phénomène a permis une évolution du regard et des mentalités sur la décroissance urbaine, mais aussi dans les propositions de projets urbains apportées qui se trouvent de plus en plus dans un tissu urbain déjà constitué. Nous pouvons voir émerger une tendance vers un retour à une échelle de proximité dans certains d'entre eux, pour répondre aux besoins des habitants restants et améliorer le confort et l'amélioration du cadre de vie. Dans ces nouvelles perspectives, la parcelle, - sa forme, sa composition, son ou ses usages, et son intégration dans le tissu urbain de manière plus générale -, reprend sa place et est devenue un objet d'étude intéressant à se ré-emparer en tant qu'architecte. En effet, c'est une opportunité pour requestionner notre manière de s'approprier la ville et de la fabriquer en ce début du XXIe siècle. Ces réflexions prennent d'autant plus sens face aux enjeux environnementaux et aux débats actuels sur l'adaptabilité et la réversibilité de la ville, ou encore sur la réduction de l'impact de l'homme sur le territoire. Parmi les propositions remarquées en France, en Allemagne et même aux États-Unis, le retour à la parcelle, dans la pensée du projet permet : d'avoir une connaissance plus fine du territoire; de mieux maîtriser et d'anticiper l'abandon des sols et du bâti, conséquence du départ des hommes et des activités ; de réadapter le foncier et le bâti aux réalités urbaines et humaines, et aux nouvelles demandes du marché immobilier; de générer un recyclage urbain à plus petite échelle, mieux maîtrisable même financièrement ; et de construire une ressource foncière potentielle pour le futur. Par ailleurs, ces initiatives ont un impact qui va bien au-delà de l'échelle du projet : le cadre réglementaire et les modèles urbains qui ont défini la ville du siècle dernier sont complètement remis en cause. Deux expériences françaises, à Saint-Etienne et dans le Parc Naturel Régional du Livradois-Forez, viendront illustrer ces propos. Bien que les démarches de projet soient en contexte urbain différent, le premier dans un tissu urbain datant du XIXe siècle, l'autre dans des centres-bourgs en milieu rural datant de la même période, elles intègrent toutes les deux le remodelage foncier et bâti de la structure urbaine initiale (dédensification/remembrement), devenue obsolète, inadaptée aux besoins réels et à la demande des habitants. Nous pourrons ainsi voir comment un même sujet peut être abordé différemment par : les enjeux et les objectifs du remodelage, les méthodes de travail et de gestion du foncier, ainsi que le type de réponse apporté entre un projet abouti en huit ans et des préconisations prévues pour le long terme