Pour une autre conversion : la spiritualité antique et l’ontologie critique de nous-mêmes à partir des derniers cours de Michel Foucault

International audienceIn this article I figure how Foucault tried to elaborate tools to think the modern form of relation to oneself differently by using antique sources. By doing this Foucault proposes a method to make the historical a critical ontology of ourselves as subjects who inherited from the modern event in the history of thought. He proposes a way to inherit from the past and a method to evaluate the importance of this historical heritage. At the Collège de France, Foucault had started a series of courses on the question of subject and truth. I focus on Foucault’s gesture in the courses on L’Herméneutique du Sujet. With this gesture Foucault tries to bring something like another conversion to oneself out of the antique spirituality. He finds it at the intersection of the christian metanoïa and the platonician or gnostic epistrophè. This other conversion does not involve any breaking of the relation to oneself nor a splitting of the world, but a " displacement of the subject". This transformation opens a " distance from oneself " that makes it possible to proceed this other conversion in which the subject constitutes himself by this gesture in which one looks back to oneself as being the distance from oneself. In this operation, the subject is thought as an active ethopoïetic process instead of a substance or anything given a priori. At the end I would like to bring light on how Foucault elaborates tools of thinking that makes it possible to avoid the use of dialectical synthesis and historical hermeneutics in favour of an early risen thought that gives importance to greatness and historical creativity. This mode of thought does not make conclusions without opening on alterity by affirming the risky part inherent in the future.Dans cet article, j'envisage la façon dont Foucault a tenté de forger, à partir de sources antiques, des outils pour penser sur un mode nouveau la forme moderne du rapport à soi. Ce faisant, Foucault propose une méthode pour faire l’ontologie historique et critique de nous-mêmes en tant que sujets dont la forme présente du rapport à soi a hérité de l’événement moderne dans l’histoire de la pensée. Il propose ainsi une manière d’hériter du passé ainsi qu’une méthode pour évaluer l’importance de cet héritage historique. Au Collège de France, Foucault avait entamé une série de cours sur la question du sujet et de la vérité. Je m'intéresse plus particulièrement au geste de Foucault dans les cours sur L’herméneutique du sujet. Par ce geste Foucault tente de dégager, dans la spiritualité antique, à l’interstice de la metanoïa chrétienne et de l’epistrophè platonico-gnostique, quelque chose comme une autre conversion à soi, que je qualifie de stoïco-cynique, et qui n’implique ni rupture dans le rapport à soi, ni bifurcation du monde, mais seulement un « déplacement du sujet ». Cette transformation ouvre une « distance à soi » permettant d’opérer cette autre conversion par laquelle le sujet se constitue en faisant retour à soi comme étant cette distance à soi. Le sujet y est donc réfléchi comme processus éthopoïétique actif et non comme une substance ou une chose donnée a priori. Enfin, je voudrais attirer l’attention sur la façon dont Foucault élabore des outils de pensée permettant d'esquiver le recours aux synthèses dialectiques et à l'herméneutique historique au profit d'une pensée matinale de la grandeur qui affirme la créativité dans l'histoire. Ce mode de pensée ne conclut pas sans ouvrir sur l’altérité, en affirmant la part de risque inhérente à l’avenir