La satire du séjour aux thermes dans la littérature et l’iconographie protestantes des XVIe et XVIIe siècles germaniques

International audienceHans Sachs, un Nurembergeois prolixe qui mit sa plume au service de la Réforme luthérienne et de l’édification morale de ses contemporains, est l’auteur d’un chant de maître de 1537 et d’un jeu de carnaval de 1550 intitulés L’abbé en cure (Der Abt im Wildbad). L’abbé part ef-fectuer une cure thermale, mais les vicissitudes de la route font que le séjour programmé se transforme en une cure de jeûne forcé, une expérience dont, contre toute attente, la victime ressort ragaillardie et reconnaissante. Cette satire anticléricale moque le train de vie parasitaire du clergé qui souffre d’embonpoint en raison de ses excès de bouche et de boisson. Les oisifs adeptes de cures thermales s’adonnent à une mobilité thérapeutique tout aussi décriée par le rigorisme de la nouvelle confession que la mobilité pèlerine ou militaire. En outre, l’abbé dé-couvre bien malgré lui les vertus curatives de préceptes religieux, ceux du jeûne et de l’abstinence, dont les protestants dénoncent à la fois l’inanité et l’hypocrisie. Encore au XVIIe siècle, l’imagerie populaire se gausse des séjours dispendieux dans les lieux de cure très prisés par la classe possédante (cf. Der Weiber Privilegien, 1650). A partir notamment de textes de Hans Sachs et de la publicistique (Hieronymus Walch et al., 1644), la communication problé-matise les représentations fluctuantes de la culture des bains et du voyage thérapeutique dans les pays germaniques à l’ère de la confessionnalisation