Utiliser les arts pour repenser nos paysages intellectuels et vécus, du maniement sociologique à l'expérimentation urbanistique.

National audience« Une œuvre d'art devrait toujours nous apprendre que nous n'avions pas vu ce que nous voyons. ». Paul Valery suggère ici que l'art ne nous invite pas tant à découvrir des choses inconnues qu'à remettre en débat la manière dont nous croyons les connaître. Différents sociologues ont choisi d'explorer cette forme de réflexivité en l'expérimentant concrètement, autrement dit en puisant dans des œuvres de fiction de quoi réfléchir leurs catégories et leurs procédures scientifiques. J'aimerais prolonger cette réflexion en m'attachant à un cas d'étude qui la déplace sur le terrain de l'urbanisme. Soit une équipe de jeunes professionnels (paysagiste, urbaniste, architectes, consultant en développement touristique) mandatée en 2006 par le Syndicat de Pays du Grésivaudan pour élaborer une charte encadrant la préservation du paysage de toute une vallée alpine. Au cours de sa mission, cette équipe a choisi d'utiliser différentes sources artistiques (peinture classiques, dispositifs contemporains) pour inciter élus et techniciens à remettre en jeu leurs façons de concevoir le paysage dont ils avaient la charge. Ces expérimentations ont alimenté un chantier prospectif fondé sur une réflexivité partagée autour d'un analyseur inattendu. La présentation de ce cas me permettra d'interroger la manière dont l'art peut nourrir différentes épistémologies, de celles qui concernent les sciences humaines et sociales à celles qui se construisent sur le terrain de nos savoirs ordinaires et des modalités d'actions qu'ils recèlent