De l’occultation à l’ostentation : l’inscription de la mémoire de la déportation dans l’espace public en Allemagne fédérale

International audiencePartant du scandale déclenché en 1998 par l’écrivain Martin Walser critiquant le projet de Mémorial de l’holocauste, la communication se demande dans quelle mesure l’écrivain était fondé à dénoncer une présence croissante du passé nazi dans l’espace public et pourquoi il se formalisait autant de la confrontation avec le « patrimoine négatif » de l’Allemagne. Après avoir retracé, à l’exemple de la ville de Hambourg, l’inscription des lieux de mémoire de la déportation dans l’espace public depuis 1945, on constate qu’il s’est effectivement produit une multiplication des lieux de mémoire et une intensification de la présence du passé nazi, et que cette évolution de la politique mémorielle traduit, autant sur le plan matériel que sur le plan discursif, l’institutionnalisation du travail de mémoire et même la « nationalisation d’une mémoire négative ». Pour finir, la communication s’interroge sur les dissonances générationnelles dans la perception de ce nouvel environnement mémoriel, différemment vécu par un contemporain du nazisme comme Walser et par les jeunes générations, pour lesquelles monuments et mémoriaux peuvent pallier l’absence d’expérience directe et auxquelles l’européanisation de la mémoire mise en œuvre depuis quelques années permet de subsumer la référence à l’espace mémoriel national dans un espace mémoriel transnational