Koltès ou le théâtre de la virginité perdue

International audienceLe théâtre de Bernard-Marie Koltès met en scène un monde contemporain déstructuré, désenchanté, implacable. Un « motif » peut alors surprendre par sa dimension plutôt traditionnelle : celui de l’« honneur » des jeunes filles explicitement traduit en termes de virginité pour elles, en termes de réputation à sauvegarder pour leurs grands frères. Un « honneur » qui n’a qu’un temps : les sœurs seront déflorées. Notre contribution se propose d’étudier d’un point de vue ethnocritique la présence de cette thématique, Koltès accordant une attention manifeste à la question des « premières fois » racontées comme des « passages ». Mais ces passages toujours violents, transgressifs, inachevés, ne disent-ils pas au fond l’impossibilité de toute alliance ?The theatre of Bernard-Marie Koltès dramatises the contemporary world as a destructured, disenchanted, pitiless place. In this perspective, one of his 'motifs' may seem surprising because of its rather traditional nature : that involving the 'honour' of young women expressed explicitly in terms of virginity for them, and in terms of the need to preserve their reputation for their older brothers. A short-lived honour, because the sisters will be deflowered. We propose in this article to study the presence of this theme from the point of view of ethnocriticism, as Koltès clearly pays careful attention to the question of 'first times' narrated as 'ritual initiations'. But is it not possible to see these 'passages', which are always violent, transgressive and uncompleted, as a sign of the impossibility of all alliances