Le patrimoine : une affaire de choix. La candidature de la grotte Chauvet au patrimoine mondial

En janvier 2013, le dossier de candidature au patrimoine mondial de l'Humanité de la grotte Chauvet a été retenu par le comité des biens français afin d'être soumis aux commissions d'évaluation, en vue d'une inscription en juillet 2014. Porté par le Syndicat Mixte de l'Espace de Restitution de la Grotte Chauvet (SMERGC) et plus largement par l'ensemble des édiles ardéchois, le projet vise à faire entrer au club du patrimoine mondial la grotte ornée contenant les peintures à ce jour les plus anciennement connues au monde. Le projet déposé met l'accent sur les dimensions culturelles de la grotte, avec un argumentaire qui s'appuie sur l'ancienneté des peintures, leur intégrité, leur diversité et leur qualité d'exécution ; la première image laissée par les Hommes est le leitmotiv autour duquel s'organise l'ensemble de l'argumentation (SMERGC, 2011). Fruit d'une construction sociale, cette argumentation résulte de plusieurs choix de la part de différents acteurs territoriaux qui ont souhaité donner telle ou telle orientation au dossier. L'objectif n'est pas ici d'invalider les orientations prises par les porteurs de projet mais de discuter des choix effectués à la lumière d'autres dossiers également inscrits au patrimoine mondial et ce, afin de souligner le caractère social et politique des logiques de patrimonialisation. Aussi, dans quelle mesure le dossier de la grotte Chauvet, tel qu'il est aujourd'hui présenté pour l'inscription, est-il l'expression de choix où se mêlent des stratégies d'acteurs, des valeurs patrimoniales, des enjeux territoriaux ainsi que des contraintes locales ? La déconstruction des choix effectués nécessite, dans un premier temps, de présenter les éléments du contexte dans lequel a mûri la candidature au patrimoine mondial. Cette mise en contexte permet alors de revenir sur l'évolution du projet d'inscription en regard des projets de territoire parallèlement développés. Enfin, la mise en perspective avec des inscriptions au patrimoine mondial de biens comparables montre la relativité des choix effectués, soulignant par là-même la dimension éminemment politique de tout processus de patrimonialisation