La narration de soi : de la compréhension à la formation

International audienceLe passage de l’expérience au langage constitue un événement : lorsque je me tourne vers une expérience qui m’a marquée, qui continue à me rendre pensif, qui m’absorbe à nouveau, que ce soit du fait des questions que cela génère ou des ressentis que je continue à percevoir, puis que j’essaie ensuite de narrer ce vécu, j’initie une dynamique en deux temps. Le premier relève d’un mouvement par lequel je saisis le vécu pour le penser. Cette saisie est déjà narrative, la réflexivité sur le vécu préfigurant la mise en mots dont le destin est de s’intégrer dans un type de discours, puis vers la composition d’une histoire. Ce premier mouvement est donc d’ordre narratif. Il mobilise le sujet dans un travail de narration qui génère des effets de compréhension. Le second mouvement relève d’une dynamique de transformation : comprendre relève, pour ce qui concerne l’expression en première personne, d’un travail de formation de soi. Plus que d’une dynamique de résolution de problème, le travail narratif au cours des histoires de vie engendre une transformation des cadres d’interprétation par lesquels les expériences du quotidien sont perçues et typifiées