Albert Memmi-André Schwarz-Bart, écrivains à vif

Albert Memmi et André Schwarz-Bart, auteurs à portée universelle, ont tous deux marqué l’histoire de la culture juive, et d’abord leur communauté respective, les Juifs de Tunisie pour l’un (et au-delà, la communauté sépharade), les Juifs d’Europe pour l’autre. L’un comme l’autre a traité du destin de ces communautés : le premier, avec La Statue de sel (1953), par le biais de son personnage Alexandre Mordekhaï Benillouche, a su aborder la question de l’avenir des Juifs dans les pays musulmans d’Afrique du Nord ; le second, à travers l’histoire de la famille Lévy par-delà les siècles dans Le Dernier des Justes (1959), a su élaborer une forme qui sache rendre justice aux six millions de morts de la Shoah. Chacun a adopté une facture spécifique, et c’est précisément cette facture que nous abordons dans cet article, établissant des convergences, mais aussi des différences irréductibles entre nos deux auteurs.Albert Memmi and André Schwarz-Bart, authors with universal reach, have both marked the history of Jewish culture, and first their respective communities, the Jews of Tunisia for one (and beyond the Sephardic community), the Jews of Europe for the other. Both discussed the fate of these communities: the first, with La Statue de sel (1953), through his character Alexandre Mordekhaï Benillouche, was able to address the question of the future of Jews in the Muslim countries of North Africa; the second, through the history of the Lévy family beyond the centuries in Le Dernier des Justes (1959), was able to develop a form that would do justice to the Shoah’s six million dead. Each has adopted a specific composition, and it is precisely this composition that we address in this article, establishing convergences but also irreducible differences between our two authors