Le paradoxe de l’heure de pointe et des horaires de travail flexibles

Pour atténuer la concentration des déplacements à l’heure de pointe du matin, les réponses habituellement privilégiées s’appuient sur des considérations d’ordre technique : ce sont les entreprises qui contraignent les salariés à se déplacer au même moment. Une des solutions mises en avant par les ingénieurs du trafic et les responsables de politiques publiques consiste alors à promouvoir les horaires de travail flexibles. Dans ce contexte, l’article interroge l’idée reçue selon laquelle la flexibilité des horaires de prise de poste induirait un étalement des horaires de déplacement domicile-travail. En s’appuyant sur une revue de la littérature internationale et sur l’exploitation de la dernière enquête nationale Transports et déplacements en Île-de-France, il révèle un constat d’apparence paradoxale. La flexibilité des horaires de travail, loin de conduire à un étalement des horaires d’arrivée sur le lieu d’emploi, irait plutôt de pair avec une concentration accrue des déplacements en heure de pointe.To reduce congestion at morning rush hour, suggestions typically put forward rest on considerations of a tactical nature: it is companies’ schedules which dictate that workers all commute at the same time. Thus, one proposed solution by traffic engineers and policy makers is to promote flexible work schedules. In this circumstances, the article questions the cliché that would automatically relates work schedules flexibility with spreading of passenger flows around morning peak times. Based on an international literature review and the exploiting of the last national household travel survey in the Parisian region (ENTD 08), it reveals new findings that are apparently paradoxical. The flexibility of working hours, far from leading to a spread of arrival times at workplaces, would rather be associated with an increased concentration of rush-hour trips