L’erreur est humaine mais non professionnelle : le bûcheron et l’accident

Les activités exercées par les bûcherons sont dangereuses. Conscient de cette propriété, le groupe professionnel porte une attention particulière à la formation de ses nouveaux membres. Savoir repérer les situations de travail hasardeuses permet, dans une certaine mesure, de se mettre à l’abri des fautes professionnelles. En revanche, la maîtrise de l’activité n’est pas suffisante pour se prémunir des risques inhérents à l’exercice de la profession : le bûcheron est parfois exposé à des dangers imprévisibles et ce, quelle que soit son habileté. Fortement marqué par le paradigme de la responsabilité, le discours de ces professionnels sur les risques liés à leur activité forme un système de protection — une idéologie défensive de métier — leur permettant de travailler en acceptant de telles conditions d’incertitude. C’est ce système et l’environnement dans lequel il prend forme qui sont examinés dans ce texte.Conscious of exercising a dangerous trade, lumberjacks in France pay special attention to training new recruits. The ability to notice dangerous work situations is a way to shelter themselves from accusations of occupational misconduct. But exercising control does not suffice to protect from the risks inherent in this job. Lumberjacks are sometimes exposed to dangers that, regardless of their skills, are unforeseeable. Strongly marked by a sense of responsibility, their discourse about the risks related to their line of work forms a system of protection — a defensive trade ideology — that enables them to work while accepting conditions rife with uncertainty. This system and the environment where it takes shape are examined herein