Le numérique a-t-il enflammé les violences contre les défenseurs des droits humains ?

Un certain nombre de recherches, tout comme des faits d’actualité récents, ont mis la lumière sur les violences qui peuvent se déchaîner sur le web. Cet article propose à partir d’une enquête de terrain auprès de défenseurs des droits humains de comprendre la nature et la portée des attaques numériques qui leur sont adressées. Quelles chaînes de stéréotypes et de discours discriminatoires sont (ré)activés lors de ces cyberharcèlements et cyberhumiliations, reliant notamment antiféminisme, homophobie et antisémitisme ? Comment les porte-paroles de ces associations, exposés médiatiquement, font face aux insultes et tombereaux de haine qu’ils reçoivent ? Quels schèmes explicatifs identifient-ils ? Nous interrogerons enfin les stratégies mises en place par les plateformes numériques, mises en cause au niveau international dans la diffusion des discours de haine, et la faiblesse de leur autorégulation.À number of research studies, as well as recent news stories, have shed light on the digital violence that can be unleashed on the web. This article uses a field survey of human rights defenders to understand the nature and scope of digital attacks against them. What chains of stereotypes and discriminatory discourse are (re)activated during such cyberstalking and cyberhumiliations linking in particular anti-feminism, homophobia, and anti-Semitism? How do the spokespersons of these associations, exposed in the media, deal with the insults and hate speech they receive? What explanatory patterns do they identify? Finally, we will examine the strategies implemented by the digital platforms charged with spreading hate speech at the international level, and the weakness of their self-regulation