Cadres et motifs de l’action résistante

Dans quelle mesure les nouvelles théories de l’action collective peuvent-elles éclairer un des exemples paradigmatiques de l’engagement, l’entrée en Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale ? Cette enquête sur un mouvement spécifique en milieu judiciaire, le Front national des juristes, tente de répondre à cette question. Les analyses de l’action collective permettent de penser sociologiquement une forme d’engagement souvent interprétée en termes moraux et individuels, et de défaire quelques récits mythiques sur la Résistance. Elles montrent cependant leurs limites dans le traitement des configurations d’actions en situation risquée, en particulier dans des conjonctures historiques troublées ou marquées par la répression politique.How can recent theories about collective action help to analyze commitment to Resistance during World War Two ? The analysis of a movement, whose constituency was recruited among professionals of law, the National Front of Jurists, leads the author to two main conclusions. Firstly, collective action analyses are relevant to display the social dimensions of decisions often described in terms of personal and moral choice. They dismantle mythical stories about the Resistance. But at the same time, they have shortcomings in the treatment of parameters specific to risk situations, changes in personal interactions due to the perception of danger, or modifications in the public arena caused by political repression. The author intends to propose a microsocio-history of such contexts of mobilization