Comment l’appel à l’expérience personnelle de l’écrivain-philosophe peut-il servir d’argument et faire partie du projet même d’une philosophie qui ne se satisfait pas d’un partage trop simple du singulier et de l’universel ? En s’adressant à lui-même, Marc Aurèle réalise ce que Pierre Hadot a décrit comme un « exercice spirituel » ; en décrivant son rapport à Dieu, en disant inlassablement « ego », saint Augustin « confesse » à la fois sa foi, ses péchés et l’attente du salut. Quant à Montaigne et Descartes, c’est en parlant d’eux-mêmes qu’ils font le récit de leur aventure de pensée entre doute et certitude. Et c’est encore dans des textes à la première personne que Biran, Comte et Nietzsche inscrivent la totalité de leur existence dans le...