Carlo Ginzburg, après Chklovski, a défini l’estrangement comme un procédé littéraire qui crée un point de vue distancié et critique sur l’ordinaire et désautomatise nos perceptions pour rendre les choses à nouveau sensibles. Peut-on justement analyser le personnage de l’automate, si fréquent depuis le XIXe siècle, comme vecteur d’estrangement ? Observer l’automate dans la variabilité de ses figures depuis deux siècles serait peut-être une façon de prolonger l’étude de ce procédé et de confirmer son historicité, quand Chklovski voulait y voir une définition de l’art. À travers les exemples de Der Sandmann (E.T.A. Hoffmann, 1816), L’Ève future (A. Villiers de l’Isle-Adam, 1886), Die Menschenfabrik (O. Panizza, 1890) et Never let me go (K. Ish...