Habiter et cohabiter le quartier de la Magione à Palerme. Gentrification, continuités populaires et concurrences d’appropriation

À Palerme, la politique de renouvellement urbainconduite dans le centre historique s'est d'abord focalisée sur le bâti, sans stratégie de fond quant au renouvellement des fonctions urbaines. Il en a découlé une gentrification sporadique et hétérogène, limitée au tissu résidentiel. Prenant acte du risque de départ des nouveaux résidents de classes moyennes, lassés des dynamiques présentes sur les espaces publics et du manque de services, la municipalité a recentré sa politique sur la régulation des usages des espaces publics. Cet article interroge les effets de ces politiques successives sur les « manières d'habiter » les espaces publics des habitants « déjà là » et sur les cohabitations d'habitants aux profils variés et aux perceptions et pratiques souvent divergentes, au sein du quartier de la Magione où nous avons mené deux enquêtes de terrain à 4 ans d'intervalles. Nous décrivons et analysons les manières d'habiter et de cohabiter des anciens et nouveaux habitants, puis concluons sur l'existence d'un « habiter sans résider » qui interagit sur les formes et les temporalités des transformations socio-urbaines du quartier en gentrification.The urban renewals politic driven in the historic center of Palermo was first focused on the built environment, without basic strategy about renewal of urban functions. The consequence was a sporadic and heterogeneous gentrification confined to the residential fabric. Acknowledging the risk of departure of new middle class inhabitants, tired of public spaces dynamics, municipality refocused her politic about public spaces. This article interrogates the effects of this successive politics on the « way of inhabit » the public spaces of the « already there » inhabitants and on the cohabitations of inhabitants with diversified profils and with perceptions and practices often divergents, in the Magione neighborhood, where we realized two field research with a four-year interval. We desbribe and analyse the ways of inhabit and of cohabit of old and new inhabitants, then we conclude with the existence of a « to inhabit without to reside » which interacts with forms and temporality of socio-urbans transformations of the neighborhood in gentrification