Les voies de l’exemplarité

Il s’agit ici de comparer deux récits portant sur les exécutions publiques tenues à Toulouse au xviiie siècle : les procès verbaux de mort dressés par l’autorité judiciaire et le témoignage de Pierre Barthès qui a laissé dans des Heures perdues la trace de 276 exécutions. De fait, les procès-verbaux de mort et le témoignage de Barthès sont deux sources importantes et complémentaires pour analyser les pratiques des exécutions dans la capitale languedocienne à la fin de l’époque moderne. Comparer ces deux sources doit permettre de replacer les exécutions dans leur environnement, d’en faire émerger leur dimension sociale, politique et institutionnelle. En effet, les exécutions sont l’objet d’importants enjeux, comme la légitimation de la justice et celle de la domination de l’État, qui expliquent la tentative des agents de cette justice de fixer la mémoire de la réussite de cette exécution. Mais ce spectacle public est par définition reçu, c’est-à-dire qu’il provoque nécessairement des réactions. L’exemple de Barthès montre justement à voir que les spectateurs, même s’ils sont absents des procès-verbaux, en sont bien des acteurs déterminants. Pour autant, les capitouls et Barthès, chacun à leur façon gardiens du temple, donnent à voir une justice efficace dans l’exécution de sa mission : leurs récits contribuent donc, par des voies différentes, à fixer l’exemplarité des peines