« Sois toujours soumise et obéissante envers tes supérieurs »

Cohabiter des années durant sans avoir le droit de se parler, ne s’entendre dire que des ordres et des punitions, n’échanger des nouvelles avec ses proches qu’au filtre de lettres dont on ne sait jamais si elles arriveront à leur destinataire, telles sont les conditions dans lesquelles se nouent les relations sociales dans les maisons centrales de femmes du Sud de la France au XIXe siècle. À chaque prisonnière sa façon de s’en accommoder, entre adaptations et transgressions. Les sociabilités multiples et changeantes qui en découlent, entre codétenues, avec le personnel et les proches, infléchissent le quotidien des captives, leur vécu de l’incarcération et leur appréhension de la libération. Elles révèlent une autre réalité de la prison, celle des individus qui la vivent.Living together for years but unable to speak to one another, hearing only orders and chastisements, exchanging news with loved ones only via the filter of letters (the receipt of which was never certain), these were the conditions under which social relations were formed in the maisons centrales de femmes of southern France during the nineteenth century. Between adaptation and transgression, every prisoner came to terms with prison life in her own way. The resulting multiple and malleable networks of sociability among inmates, staff and relatives shaped the daily lives of captives, their experiences of incarceration and their understanding of freedom. They reveal another reality of life in prison, that of the individuals who lived it