Un geste filmé est-il un geste comme un autre ? Quels peuvent être les effets engendrés par la présence d’une caméra sur une technique matérielle et comment en tirer des vertus heuristiques ? Ce texte propose d’appliquer ces questionnements, récurrents en anthropologie audiovisuelle, à certains gestes de fabrication de violons filmés lors d’une enquête sur l’apprentissage du métier de luthier. En concevant le cinéma comme un dispositif de médiation, l’hypothèse ici défendue est que la présence de la caméra fait advenir un spectateur virtuel et trouble dans la situation filmée qui incite à accroître le regard réflexif que l’agent porte sur ses propres gestes et, en conséquence, renforce la part de ritualité diffuse présente en chaque activit...