Gouverner par la fête

Que se joue-t-il dans la fête ? D’après la définition qui est donnée du carnavalesque, la fête est le moment d’inversion des valeurs et des hiérarchies, elle est l’envers des rapports sociaux ordinaires. Les fêtes urbaines sont alors l’occasion d’envahir les centres où se reproduisent les rapports de pouvoir en vue d’en faire une critique en acte bien que limitée par un cadre rituel et un temps-espace institutionnalisé. Elle représente un enjeu pour la ville et la classe dominante. À partir d’une étude ethnographique sur le Carnaval étudiant de Caen et ses mutations récentes, cet article propose d’analyser la manière dont le festif peut être réinvesti par les pouvoirs publics afin d’en désamorcer la possibilité transgressive et perpétuer une certaine façon de produire l’urbain, notamment par le biais de politiques urbaines sécuritaires et d’un dispositif biopolitique modifiant la conception culturelle de la fête.What is at stake in festivals? According to the established definition of the carnival, festivities are a time when values and hierarchies are inverted, when ordinary social relations are reversed. Urban festivals are then an occasion when places are invaded and where relations of power are reproduced in the context of a critical act, though restricted by a ritual and an institutionalized time-space. It represents an issue for the city and the dominant class. Originating from an ethnographic study on the Carnaval étudiant de Caen and its recent mutations, this paper proposes to analyze how the festival can be invested in by public authorities to deactivate transgressive possibilities and maintain a certain way of producing the urban, especially by using urban safety policies and bio-political devices, thereby changing the cultural conception of the festivities