De nouvelles historiographies de Beyrouth, sorties des décombres de la Guerre du Liban (1975-1990), ont joué un rôle central dans la réévaluation d’un héritage ottoman longtemps occulté par les historiens libanais, en se concentrant sur la modernisation spectaculaire de la ville au xixe siècle. La Beyrouth prémoderne (xvie-xviiie siècles), bourgade mineure par rapport à d’autres villes de la côte syrienne, n’a en revanche fait l’objet que d’un intérêt secondaire parmi les spécialistes d’histoire urbaine. Deux d’entre eux, dont les travaux forment la matière de cet article, se sont néanmoins attachés à déconstruire l’annexion symbolique de Beyrouth à l’histoire du Mont-Liban adjacent, lieu fondateur de l’historiographie nationaliste libanais...