Hargeisa, Somaliland : des citoyens producteurs de la ville aux citadins consommateurs urbains

Il y a 30 ans, la ville d’Hargeisa a été rasée par l’aviation somalienne, et la majorité de ses habitants a fui dans les camps de réfugiés de Djibouti et d’Éthiopie, ou s’est exilée en Europe, en Amérique et dans la Péninsule arabique. Remise de cette rupture majeure, la ville est aujourd’hui reconstruite, repeuplée, étendue et devenue capitale du nouvel État – non reconnu – du Somaliland. Elle a fait montre d’une résilience importante dans la trajectoire de sa croissance urbaine. Hargeisa fait face depuis sa reconstruction à des problématiques foncières et d’aménagement multiples. Pourtant le statut du pays limite les possibilités de financements internationaux. La ville est par ailleurs installée à la croisée de plusieurs territoires claniques qui l’organisent en partie. Une spécificité de la citadinité ici se joue dans la superposition et l’articulation d’une administration urbaine formelle et d’investissements communautaires ou claniques informels mais fonctionnels. La «citoyenneté urbaine » est ainsi à l’image du Somaliland non reconnu : la ville appartient à ses habitants, qui la produisent. Pourtant, cette articulation est mise à mal par une spéculation foncière croissante qui transforme à la fois le paysage de la ville et les logiques d’acteurs.Pinauldt Géraldine. Hargeisa, Somaliland : des citoyens producteurs de la ville aux citadins consommateurs urbains. In: Annales d'Ethiopie. Volume 32, année 2018. pp. 179-212