Pouvoir de la tradition et nécessaires innovations. L’évolution des pharmacopées à travers l’exemple de la cantharide

Les pharmacopées (livres où sont rassemblées toutes les informations sur les drogues et sur la composition, la préparation, l’utilisation des médicaments) reflètent le double dessein de la thérapeutique : maintenir la tradition et se lancer dans l’innovation. La stabilité de la tradition est nécessaire en thérapeutique (où l’efficacité et l’innocuité d’un produit doivent avoir subi l’épreuve du temps). La pharmacopée officielle est aujourd’hui un recueil scientifique et technique répondant aux exigences de normes de la profession. Elle est également un instrument juridique qui a pour but une double protection, celle du pharmacien (défense du produit commercial dont il a le monopole) et celle du patient dont santé et vie sont mises en jeu. Les savoirs anciens transmis par l’écriture ont subi peu à peu des transformations. La nécessaire adéquation de la connaissance, de l’utilisation et de la gestion des drogues, au contexte économique, social, idéologique a provoqué nombre de changements. Nous suivrons le lent passage à l’écriture des savoirs naturalistes, médicaux et pharmaceutiques, qui a conduit à l’élaboration des pharmacopées, depuis les tablettes cunéiformes et les papyrus égyptiens jusqu’à la dernière édition – sur cédérom et « en ligne » – de la Pharmacopée française et de la Pharmacopée européenne. La cantharide, insecte mentionné dans un nombre particulièrement élevé d’ouvrages depuis plusieurs milliers d’années, nous servira de fil conducteur dans cette traversée de l’histoire.Motte Élisabeth. Pouvoir de la tradition et nécessaires innovations. L’évolution des pharmacopées à travers l’exemple de la cantharide. In: Concepts, cultures et progrès scientifiques et techniques : enseignement et perspectives. Actes du 131e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Tradition et innovation », Grenoble, 2006. Paris : Editions du CTHS, 2009. pp. 179-192. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 131-1