Même les philosophes ignorent ou sous-estiment trop souvent la résonance décisive du voyage dans la formation et les conclusions de la pensée de Descartes. Pourtant ce dernier quitta la France à vingt-deux ans, pour « rouler » de par l’Europe entière pendant près de dix ans, ne s’arrêta en Hollande que pour y changer sans cesse de résidence, avant de s’embarquer pour la Suède, où il mourut. Paradoxalement, c’est pour s’assurer une indépendance d’esprit par rapport aux fâcheux et sectaires de tous bords, tout particulièrement par rapport aux théologiens, que Descartes pratiqua cette sorte de vagabondage méthodique. Ces ruptures toujours recommencées procèdent d’une volonté de s’affranchir des idées reçues, de faire table rase des préjugés et...