Peut-on penser le roman du XVI^e siècle ?

International audienceL'idée d'un vide dans la production romanesque française entre la fin du Moyen Âge et l'ère baroque reste tenace, même parmi les spécialistes de la Renaissance. Malgré les attraits d'une terra incognita que divers travaux ont tenté d'approcher , tout le monde n'est pas prêt à s'intéresser aux avatars mystérieux du roman d'Ancien Régime. Depuis les recherches pionnières de G. Reynier et l'essai de synthèse d'H. Coulet , un grand chemin a, certes, été parcouru. Que le programme d'une épreuve de l'agrégation de 2007, par exemple, accorde une place au Tiers livre de Rabelais dans le devenir du " roman moderne " et que les manuels de l'enseignement secondaire parlent du même écrivain comme d'un " romancier " était, il y a une dizaine d'années, inconcevable. Mais combien d'analyses véhiculent toujours le préjugé d'un retard de la France par rapport aux autres pays européens.Pourtant, nombre de textes ont une place légitime dans notre histoire littéraire en tant que représentants du roman. Pour justifier cette intuition, il faut dépasser les questions que soulève le choix d'une démarche générique. Cela suppose de connaître l'idée que la Renaissance se fait du roman et celles qui en ont été élaborées au XXe siècle. Après avoir cerné successivement les deux manières d'appréhender la forme, on voit ainsi s'il faut, pour penser un objet réputé impensable, renvoyer l'une et l'autre dos à dos ou composer avec elles, malgré leur caractère limité et partial