Essais de soi. Poésie spirituelle et rapport à soi, entre Montaigne et Descartes

Version révisée pour la publication d'une thèse de doctorat Lettres et Arts, menée sous la direction de Michèle Clément (Groupe Renaissance et Âge classique - GRAC, UMR 5037), soutenue en septembre 2008 à l'Université Lyon 2-Lumière.International audienceIn the period comprised between Montaigne and Descartes, French spiritual poetry gave precedence to the "self". At the crossroads between historical poetics and ethics, this study scrutinizes the paradoxes of the first person "I", a non-autonomous and non-sovereign entity, based on the model set up by Saint Paul ("I no longer live, but Christ lives in me") and Saint Augustine (God is "more intimate to me than myself"). Before the invention of the "me", the poems developed a practical rapport with "the self". Based on the mannerist samples encountered in the verbal signs and models (love poems, psalms, Augustinian Apocrypha, moral and spiritual treatises), the one who uses the "I" is modulated as a moral and theological persona, as well as a subject of law, a political subject, or a dissident. This study of a period of lyric poetry before Lyricism ranges from well-known poems written by Sponde, Desportes, Chassignet, to less recognized ones as those by Mage de Fiefmelin, de Croix, Hopil, and others, which comprise approximately 150 collections published between 1580 and 1641.Entre l'œuvre de Montaigne et celle de Descartes, la poésie spirituelle française cède l'initiative au " je ". Au carrefour d'une poétique historique et de l'éthique, l'étude scrute les paradoxes du " je ", locuteur non souverain et non autonome, sur le modèle de saint Paul (" je vis non point maintenant moi, mais Christ vit en moi ") et de saint Augustin (Dieu étant " plus intime à moi que moi-même "). Avant l'invention du " moi ", les poèmes élaborent un rapport pratique à soi. Par le travail maniériste des signes verbaux et des modèles (poèmes d'amour, psaumes, apocryphes augustiniens, traités moraux et spirituels), celui qui dit " je " est modulé comme personne morale et théologique, ainsi que sujet de droit, sujet politique voire dissident. Cette étude d'un moment de la poésie lyrique avant le lyrisme parcourt des poèmes reconnus, de Sponde, Desportes, Chassignet, ou plus méconnus, de Mage de Fiefmelin, de Croix, Hopil, et autres, soit environ cent cinquante recueils publiés entre 1580 et 1641