Law and the structure of authoritarian rule: knowledge, sovereignty, and judicial power in Sudan, 1898-1985

How does a strong and independent judiciary emerge in a colonial or authoritarian state? What is the relationship between law and political power when the state is weak or legal authority is fragmented? This dissertation, which covers a period of Sudanese history stretching from colonization in 1898 to the collapse of the Numayri regime in 1985, argues that judicial strength and independence emerged as a direct result of regime policy, which sought to deploy the judiciary as a means of maintaining security, reducing bureaucratic inefficiency, and managing political activism. In this context, the fragmented and pluralist nature of Sudan's legal system is actually part of what has made state power possible, as it allowed successive regimes to play various judicial institutions off of one another, strengthening some and undermining others depending on the nature of the threats they faced. Drawing on extensive archival research and a careful analysis of political and religious discourse, this dissertation explores the role of civil, customary, religious, and bureaucratic courts in facilitating authoritarian rule in twentieth-century Sudan. In addition, it also analyzes the relationship between legal knowledge, codification, and state power in one of the world's most fragile countries. As such, it makes an important contribution to the literature on authoritarianism, judicial politics, and state formation in Africa and the Middle East.Comment un système judiciaire fort et indépendant peut-il émerger dans un État colonial ou autoritaire? Quelle est la relation entre le droit et le pouvoir politique lorsque l'État est faible ou l'autorité juridique est fragmentée? Cette dissertation, qui couvre l'histoire soudanaise de la colonisation en1898 à l'effondrement du régime de Numayri en 1985, soutient que le pouvoir et l'indépendance du système judiciaire au Soudan se sont développés en raison de la politique du régime. L'objectif de cette politique était d'utiliser le système judiciaire pour maintenir la sécurité, réduire l'inefficacité bureaucratique et contrôler l'activisme politique. Dans ce contexte, la nature fragmentée et pluraliste du système juridique soudanais a contribué à rendre le pouvoir d'État possible, car elle a permis aux régimes successifs de jouer les institutions judiciaires les unes contre les autres. Cette stratégie a renforcé certaines institutions judiciaires et en a miné d'autres, tout dépendant des difficultées auxquelles elles faisaient face. Grâce à une recherche approfondie de documents d'archive ainsi qu'une analyse de discours politique et religieux détaillée, cette thèse explore le rôle qu'ont joué les tribunaux civils, coutumiers, religieux et administratifs dans l'établissement d'un régime autoritaire au Soudan au XXe siècle. De plus, elle analyse la relation entre la connaissance juridique, la codification et le pouvoir étatique dans l'un des pays les plus fragiles du monde. En tant que tel, la thèse apporte une contribution importante à la littérature sur l'autoritarisme, la politique judiciaire, et la formation de l'État en Afrique et au Moyen-Orient