Actualité des dyskinésies tardives dues aux neuroleptiques

Depuis leurs premières descriptions il y a près de quarante ans, les dyskinésies tardives font toujours l'objet de beaucoup d'interrogations. Malgré les connaissances accumulées au niveau de la description de ces mouvements anormaux, la compréhension et le traitement de cette complication restent encore très incertain. Actuellement les dyskinésies tardives représentent un problème de santé publique qui ne fait pas l'objet d'une attention particulière malgré les conséquences médico-légales qui risquent de découler de leur apparition. En effet jusqu'à maintenant, les psychiatres, dans leur grande majorité, se sont peu intéressés à ces mouvements qu'ils provoquent lors de leurs interventions chimiothérapiques (...) En effet, à l'heure actuelle aucun consensus thérapeutique n'est établi, malgré les bonnes pratiques cliniques qui ont été dictées pour prévenir la survenue de ces complications. Nous avons montré dans notre travail les difficultés qui se présentent à nous lors de la prise en charge des dyskinésies tardives, aussi bien au niveau de la prise en charge qu'au niveau de la lenteur de l'efficacité des traitements que nous proposons. Devant la multitude de molécules étudiées pour la prise en charge des dyskinésies tardives, nous sommes confrontés à un dilemme. En effet, nous avons mis en évidence qu'en dehors de la voie de la prévention, les seuls traitements efficaces sont les neuroleptiques, qui sont eux-mêmes pourvoyeurs de dyskinésies tardives. Mais nous pouvons essentiellement cibler notre action sur l'utilisation des neuroleptiques atypiques qui provoquent théoriquement moins d'effets de ce type. Malgré tout, ils ne sont pas exempts de critiques et ils peuvent eux-mêmes induire de telles manifestations. Et en dernier recours il est même proposé, au niveau médicamenteux, d'utiliser la clozapine, elle-même susceptible de provoquer d'autres effets secondaires tout aussi grave. La conséquence indirecte de l'utilisation de telles molécules en clinique psychiatrique est que celle-ci provoquant moins de dyskinésies tardives, la recherche sur ces complications risque de passer au second plan. Or, nous sommes dans une période où se chevauchent deux générations de traitements neuroleptiques. Les prescriptions de neuroleptiques classiques sont encore de pratiques courantes, tant au niveau des besoins (utilisés à visée sédative) qu'au niveau des mentalités. Nous ne pouvons pas encore prévoir quelles vont être les incidences à long terme sur les dyskinésies tardives de l'utilisation des neuroleptiques atypiques, même si nous pouvons présager d'une diminution de leur fréquence de survenue. En effet, la découverte et la commercialisation de ces molécules sont trop récentes pour pouvoir tirer des conclusions définitives.GRENOBLE1-BU Médecine pharm. (385162101) / SudocPARIS-BIUM (751062103) / SudocSudocFranceF