Fantastique et récits brefs

Si les histoires fantastiques plaisaient au public au XIXe siècle par leur côté extraordinaire, où le surnaturel et l'absurde sont étroitement liés aux faits du quotidien, chez les écrivains qui les imaginaient cette écriture révèle certainement un idéal esthétique - celui où la brièveté est au service de l'effet de réel, l'irrationnel étant le principe même de la logique narrative. Qui plus est, les récits fantastiques de cette époque relèvent d'emblée d'une esthétique qui ne peut pas être dissociée de l'idéal romantique. Cependant, ces histoires qui subissent, au début du siècle, l'influence hoffmanienne, évoluent, en France, vers un ensemble très diversifié, ce qui rend d'ailleurs difficile la tâche des théoriciens soucieux de la systématisation du genre. La théorie de la totalité d'Edgar Poe, dont les principes théoriques ont été traduits par Baudelaire, a influencé davantage cette écriture dont l'idéal de brièveté s'inscrit dans les idées qu'exprime sur la nouvelle l'auteur des Histoires extraordinaires. Ainsi, dans cette recherche, nous abordons le fantastique du point de vue de la brièveté de son expression, cette notion de brièveté relevant de la discontinuité du discours plutôt que de l'aspect matériel du texte. Il s'agit d'une nouvelle façon de représenter le réel et surtout d'un renouvellement du code de communication du récit bref, où le lecteur occupe désormais une place privilégiée. C'est un discours éminemment persuasif dont l'effet de vraisemblance relève d'une rupture de la linéarité, la sensation de continuité étant de l'ordre du psychique et du refoulé. Car dans l'expérience fantastique, les frontières entre le temps vécu et le temps pensé s'effacentLILLE3-UFR Lettres Modernes (590092208) / SudocLILLE3-BU (590092101) / SudocSudocFranceF