Infections invasives à pneumocoque chez l'enfant de moins de 2 ans en Polynésie Française de 2000 à octobre 2004 (intérêt d'une vaccination généralisée par vaccin conjugué heptavalent)

Nous rapportons une série constituée de 30 enfants hospitalisés au Centre hospitalier de Polynésie française de 2000 à 2004, d'âge compris entre 1 et 23 mois, atteints d'infections invasives à pneumocoque: 16 méningites, 9 pneumopathies, 3 bactériémies, 2 arthrites septiques. Cette étude clinique rétrospective a permis d'analyser les infections invasives à pneumocoque au Centre hospitalier de Polynésie Française chez l'enfant de moins de 2 ans. La survenue de décès dans 13,3% des cas atteste de leur gravité. Les méningites représentent les infections les plus graves, tant par leur morbidité que par leur mortalité proche de 20%. En Polynésie, le pneumocoque représente la première cause de méningite bactérienne avant l'âge de 2 ans. Une antibiothérapie précoce dans l'évolution de la maladie n'améliore pas toujours le pronostic vital. Les méningites sont à risque d'entraîner de dramatiques séquelles neuro-sensorielles et touchent une population d'enfants sans antécédents. Dans cette tranche d'âge, l'incidence des méningites à pneumocoque est 5 à 10 fois plus élevée que dans la population générale. Une action de prévention auprès de cette population vulnérable apparaît au moins aussi justifiée qu'en France. Le nombre de souches sérotypées dans notre étude est insuffisant pour obtenir un reflet fiable de l'épidémiologie locale. Si des études complémentaires confirment le taux de couverture vaccinale potentielle retrouvé dans notre étude, la survenue des méningites principalement avant l'âge de 6 mois justifierait l'utilisation du vaccin conjugué heptavalent dès 2 mois. Cependant, les considérations économiques, n'apparaissent pas favorables actuellement sur le Territoire. Le coût des hospitalisations par année apparaît inférieur au prix d'une vaccination des 4500 naissances annuelles. Cependant, ce chiffre ne tient pas compte de l'évaluation financière des séquelles et des décès. La vaccination généralisée ne peut être envisagée sans études complémentaires. Afin d'analyser un nombre suffisant de souches de pneumocoques, pour obtenir une étude significative, nous proposons une étude prospective épidémiologique des sérotypes de portage rhino-pharyngé. Dans le cas d'une couverture vaccinale potentielle satisfaisante, l'impact de la vaccination généralisée sur la disparition des sérotypes vaccinaux de portage, éventuellement l'apparition de nouveaux sérotypes, et sur le déclin des pathologies invasives devrait faire l'objet de nouvelles études.GRENOBLE1-BU Médecine pharm. (385162101) / SudocPARIS-BIUM (751062103) / SudocSudocFranceF