Ecrivains et fous au temps des avant-gardes

La figure du fou a été fondatrice dans les discours, les pratiques d'écriture et jusque dans les trajectoires de vie des écrivains d'avant-garde. Cette thèse se propose d'étudier les diverses modalités d'un processus identificatoire entre le fou et le poète entre 1900 et 1950 ; elle apporte un éclairage nouveau sur l'histoire littéraire et culturelle de la première moitié du XXe siècle en montrant de quelle manière l'avant-garde littéraire a intégré et subverti l'héritage psychiatrique. Dans les romans d'avant-garde, le personnage du fou criminel, issu de la théorie de la dégénérescence, incarne régulièrement le double de l'écrivain, qui le charge de proclamer son violent refus de la civilisation moderne, À travers de nombreux débats et de nouvelles pratiques de publication les écrits de fous, jusqu'alors considérés comme pathologiques, deviennent des textes littéraires à part entière. Enfin, la manière dont l'avant-garde a incorporé ces textes rejaillit d'une part dans ses propres expériences langagières, largement inspirées des écrits de fous, et d'autre part dans la manière même dont peut alors être envisagée une trajectoire artistique : non plus infamante, la folie est désormais au contraire considérée comme un gage d'authenticité.The representation of the insane has played a fundamental part in the discourses, writing practices, and even life trajectories of French Avant-Garde artists. This thesis studies the various ways through which the insane and the poet became identified with one another between 1900 and 1950. It brings a new light on early twentieth century French cultural and literary histories, showing the manner in which the literary Avant-Garde integrated and subverted psychiatric tradition. In Avant-Garde novels, the character of the insane criminal, borrowed from Degeneration Theory, is regularly thought as the double of the writer who uses it to express his own violent rejection of modem civilization. Furthermore, numerous debates and new publication practices modified the status of the writings of the insane: from a pathological testimony, they became recognized as literary works. Finally, the influence of these texts on the Avant-Garde is manifest in its own linguistic experimentation, largely inspired by the works of the insane, and in its new interpretation of the artist's life trajectory. Insanity was no longer stigmatized but became a gage of authenticity.NANTERRE-BU PARIS10 (920502102) / SudocSudocFranceF