Evaluation de l'influence du statut tabagique présumé du médecin traitant aux yeux de son patient sur la mobilisation de ce dernier à l'arrêt du tabac

Le tabagisme est un grand enjeu de santé publique qui concerne tous les professionnels de santé. Bien que de nombreux fumeurs souhaitent mettre un terme à leur intoxication, l idée de recourir au médecin traitant reste largement minoritaire. Alors que le taux de réussite d un sevrage sans aide est minime, nous nous sommes demandés si la relation médecin patient pouvait avoir une influence sur la mobilisation de ces derniers à l arrêt du tabac et si le tabagisme du médecin, tel qu il est perçu par son patient, était susceptible de jouer un rôle dans la manière dont ce dernier projette son sevrage. Nous nous sommes attachés à recueillir un certain nombre de données auprès d une population de fumeurs quotidiens recrutés au sein d un laboratoire d analyses médicales. Les données collectées visaient à caractériser les patients sur le plan sociodémographique, à évaluer leur tabagisme, la présence de facteurs de risque cardiovasculaires associés, leur relation avec leur médecin notamment au sujet du tabagisme. Nous avons cherché à évaluer la volonté des patients au sevrage tabagique et les modalités qu ils envisageaient pour y parvenir. Nous nous sommes attachés à identifier un certain nombre de facteurs pouvant être à l origine de variations dans leur mobilisation à l arrêt du tabac. Nous avons, en particulier, cherché à évaluer l influence de la perception qu ils avaient du tabagisme de leur médecin. Cent trois patients fumeurs quotidiens ont été inclus dans notre enquête. Parmi ceux-ci, on comptait 62 hommes et de 41 femmes. La moyenne d age globale était de 42,7 ans. Les hommes étaient significativement plus âgés que les femmes (48,2 contre 34,3 ans). Ils présentaient un nombre de facteurs de risque associé au tabagisme plus élevé et avaient une consommation quotidienne de tabac supérieure. L estimation du niveau de dépendance nicotinique réalisée par le calcul du score de Fagerström, nous a montré que 45,6% des patients ne présentaient aucune dépendance. La fréquence annuelle de consultations chez le médecin traitant était élevée. Respectivement 72,8% (n=75) et 39,8% (n=21) des patients consultaient leur médecin au moins trois ou au moins six fois dans l année.Le tabagisme semblait être un sujet insuffisamment abordé puisque 23,3% des patients déclaraient ne jamais en parler avec leur médecin et 45,6% (n=47) n évoquaient le sujet que rarement ou de temps en temps . Soixante pourcents des patients pensaient que leur praticien n était pas préoccupé par leur tabagisme. La volonté d arrêter du fumer concernait 77,7% des patients, elle était plus fréquente chez les patients consultant souvent leur médecin, ceci étant probablement en rapport avec un état de santé plus précaire donnant une conscience accrue de la nécessité d arrêter leur intoxication. La modalité envisagée pour le sevrage était le plus souvent un arrêt seul sans aide. Chez les patients pensant avoir recours à une aide, c était dans 72,7% des cas celle du médecin traitant qui était mentionnée. Les patients envisageant de ne pas affronter seuls le sevrage tabagique avaient un score de Fagerström significativement plus élevé que les autres, ils consultaient leur médecin traitant plus fréquemment et le sujet du tabagisme était abordé plus souvent avec celui-ci. La perception du tabagisme du médecin ne semblait pas influencer la volonté d arrêter de fumer, toutefois, les patients percevant leur médecin comme étant non fumeur envisageaient plus souvent une aide au sevrage et de préférence celle de leur médecin traitant. Même si les informations recueillies ne nous permettent pas de caractériser la pratique médicale dans son ensemble, il parait important de renforcer la communication médecin patient au sujet du tabac en médecine générale afin d exploiter au maximum les possibilités offertes aux généralistes en terme de sevrage tabagique. En ce qui concerne le tabagisme des médecins et son influence sur celui des patients, il illustre bien la nécessité d un changement de comportement des professionnels de santé, qui ne peuvent pas se soustraire aux conseils qu ils donnent aux autres sans que leur crédibilité n en soit profondément affectéeAMIENS-BU Santé (800212102) / SudocPARIS-BIUM (751062103) / SudocSudocFranceF