De la mémoire autobiographique à la question de l identité narrative dans la schizophrénie

Pourquoi le sujet schizophrène ne peut-il restituer son passé qu'à travers des souvenirs autobiographiques flous, désaffectés et paraissant comme désarrimés de tout contexte et de toute chronologie? Sommes-nous confrontés à une altération cognitive spécifique, touchant sa mémoire autobiographique? La neuropsychologie cognitive a permis de mieux saisir la complexité de cette mémoire si intime. Le modèle de référence de la mémoire autobiographique est actuellement le modèle de Conway et Pleydell-Pearce (2000). Ce modèle a l'intérêt de conjuguer les souvenirs autobiographiques et l'identité personnelle.Dans la schizophrénie, l'étude des souvenirs autobiographiques a pu révéler des altérations quantitatives et qualitatives, impliquant la fragmentation de la remémoration des souvenirs. De plus, est altéré l'état de conscience subjectif, aussi appelé "conscience autonoétique" limitant la remémoration du passé.Nous en venons à interroger alors l'incidence que ces troubles peuvent avoir sur l'identité personnelle du schizophrène en nous éclairant de la pensée de Ricoeur qui a développé, à partir de la fonction narrative du récit, le concept d'identité narrative. La structure même des récits autobiographiques des schizophrènes laisse à penser que ces patients ne peuvent accéder à cette identité narrative, même s'ils saisissent d'autres formes d'énonciation telles que la métaphore délirante et la structure littéraire propre à l'essai. Enfin, la présentation d'un programme expérimental visant à réentrainer la mémoire autobiographique des schizophrènes illustre l'intrication existant entre mémoire autobiographique et identité narrative.ANGERS-BU Médecine-Pharmacie (490072105) / SudocPARIS-BIUM (751062103) / SudocSudocFranceF