Entre nation et négation (la question de l'identité collective dans les politiques d'intégration des tsiganes en République tchèque)

La question de l intégration des Tsiganes aujourd hui en République tchèque est l enjeu d une lutte entre des acteurs qui soutiennent des conceptions antagonistes : d un côté, les tenants d une politique multiculturelle défendent l idée que les Tsiganes appartiennent à la minorité rom qu il s agit de valoriser dans sa spécificité culturelle afin de l intégrer à la société. De l autre, les partisans d une politique d intégration sociale soutiennent que les Tsiganes sont avant tout des exclus sociaux . Il s agit alors de combattre une culture de la pauvreté , conséquence de l exclusion sociale , afin d intégrer individuellement les membres de ce groupe dans la société. Au travers des enquêtes que nous avons menées à la fois dans des espaces dits d exclusion sociale dans la ville Kladno, et au sein d un musée ethnographique de la culture rom à Brno, nous démontrons les limites et contradictions inhérentes à ces politiques d intégration. Mais au-delà de l analyse critique de ces politiques et à travers les réactions des personnes qu elles visent, nous tentons de révéler certains principes identitaires qui dépasseraient l antagonisme des conceptions de l identité collective : l essentialisme et le constructivisme radical. En complétant les résultats issus de nos deux premières enquêtes avec une troisième recherche menée dans un club de boxe à Prague, où s entraînent des boxeurs tsiganes et non tsiganes, nous avançons que la grammaire qui fonde les modes d appartenance catégorielle et identitaire réside dans la persistance d une frontière ethnique , au sens de Fredrik Barth, entretenue par les acteurs dans les situations d interactionThe integration of Gypsies in Czech Republic nowadays has become an important issue and divides actors according to antagonist conceptions: on the one hand, the advocates of multiculturalism stand up for idea that Gypsies belong to Roma minority , whom must be enhanced in its cultural specificity in order to integrate it into society. On the other hand, supporters of social integration policy sustain that Gypsies above all are social excluded individuals . In that case, it is a matter of fighting against a culture of poverty , the consequence of social exclusion , in order to individually integrate the members of this group. On the basis of studies carried out both in so-called social exclusion spaces in city of Kladno and in an ethnographic museum of Roma culture in Brno, we attempt to demonstrate the limits and contradictions of those policies. Besides the critical analysis of those policies and on the basis of the reactions of persons they aim, we try to reveal some identity principles that go beyond antagonism about collective identity: essentialism and radical constructivism. Completing results from our two case-studies with a third one carried out in a boxing club in Prague, where gypsies and non-gypsies boxers train, we maintain that the grammar founding the principles of category and identity membership is based on the persistence of ethnic boundary (Fredrik Barth) maintained by actors in situations of interactionBESANCON-BU Lettres (250562101) / SudocPARIS5-Bib. SHS Descartes CNRS (751062113) / SudocSudocFranceF