Apport de la toxine botulique dans la prise en charge de l'enfant atteint de paralysie cérébrale

Introduction: L'incidence de la paralysie cérébrale chez l'enfant reste globalement stable (environ 2,1/1000 naissances vivantes) malgré les progrès de la médecine néonatale. Cette pathologie se caractérise par une atteinte motrice prépondérante, à laquelle s'ajoutent très fréquemment des troubles associés, qui alourdissent encore les difficultés d'apprentissage moteur et cognitif de ces enfants. L'atteinte motrice la plus fréquemment retrouvée est de type diplégique spastique. Elle engendre un handicap fonctionnel à des degrés divers, et un risque de complications orthopédiques. Toxine issue de Clostridium botulinum, la toxine botulinique est la toxine la plus puissante au monde, qui agit par blocage des synapses de la jonction neuromusculaire. L'apport thérapeutique de cette toxine dans la prise en charge de la spasticité a été initialement expérimental, mais tient maintenant une place centrale et bien définie dans la prise en charge de ces enfants. Objectifs de la thèse / Patients et méthodes: L'apport de la toxine botulinique dans l'éventail des thérapeutiques disponibles pour prendre en charge la spasticité chez l'enfant atteint de paralysie cérébrale est bien établi au CHU de Rouen, mais reste à découvrir par la majorité des pédiatres, son administration n'étant réalisée que par un seul neuropédiatre. Afin d'apprécier les indications, les bénéfices et le contexte d'administration de cette thérapeutique au sein de cette structure hospitalière, nous avons analysé rétrospectivement la totalité des dossiers des patients ayant bénéficié récemment (enfants nés entre 1999 et 2006) d'une injection de toxines au CHU de Rouen dans le cadre de la prise en charge d'une paralysie cérébrale (codage "paralysie cérébrale" ou "infirmité motrice cérébrale"). Nous nous sommes intéressés à leur histoire médicale, au site et au mode d'injection de toxine, à seseffets, et au recourséventuel à une chirurgie associée. Résultats / Discussion: Les cas de 38 enfants ont été étudiés, en majorité des garçons, et 30 sont des diplégiques spastiques. Les proportions d'anciens prématurés et donc de leucomalades péri ventriculaires sontélevées, à 89% et 52%. La sensibilité de l'ETF est de 63%, et celle de l'IRM de 93%, pour la mise en évidence de lésions cérébrales à l'origine de la paralysie cérébrale. Les patients ayant bénéficié d'injections de toxine sont principalement ceux ayant une atteinte cotée Palisano III ou IV, avec une première injection à un âge moyen de 3 ans et 5 mois, et un nombre de 4,5 injections en moyenne. Les groupes musculaires visés sont principalement les ischios-jambiers et les triceps suraux; et 57% des séances d'injection de triceps ont été suivies de la réalisation de résines d'extension. Les injections ont toutes été réalisées avec du Dysport®, et quasi-exclusivement après un repérage uniquement manuel. Aucun effet indésirable notable n'a été à déplorer. 52% des patients ont acquis la marche libérée, avec un impact péjoratif important de l'existence d'un déficit cognitif associé, et un bon caractère prédictif de la classification de Palisano. 16 patients ont eu recours à la chirurgie orthopédique, principalement pour une intervention multisite. Conclusion: La population d'enfants qui a bénéficié d'injections de toxine botulinique ces dernières années au CHU de Rouen est en majorité composée d'anciens prématurés, atteints de diplégie spastique, avec des lésions de leucomalade péri-ventriculaire sous-jacente. Les injections concernent quasi-exclusivement les membres inférieurs, en particulier la chaîne musculaire postérieure, et ont toutes été réalisées avec du Dysporte. Ce mode de pratique devrait être prochainement modifié, avec la modification récente d'AMM du Botoxg, ainsi qu'avec l'apparition de nouvelles techniques d'analyse quantifiée du mouvement pour les membres supérieurs.ROUEN-BU Médecine-Pharmacie (765402102) / SudocSudocFranceF