Mutilations sexuelles féminines (état des lieux et devenir obstétrical dans les maternités de la région rouennaise)

Objectif : déterminer si le devenir obstétrical et néonatal des patientes ayant une mutilation sexuelle féminine est différent de celui des patientes non mutilées dans un pays d'accueil occidental. Patients et méthodes : étude rétrospective cas-témoin, multicentrique, incluant des patientes avec une mutilation sexuelle, dépistées dans les 4 maternités de l'agglomération rouennaise de novembre 2007 à décembre 2009, appariées à un groupe témoin sur le critère unique de la parité au moment de l'accouchement étudié. Les données obstétricales, néonatales et du post-partum ont été collectées à partir des dossiers hospitaliers. Les caractéristiques démographiques et socio-culturelles ont été recueillies grâce à un questionnaire soumis aux patientes mutilées. Résultats : 119 patientes ont été incluses dans les 2 groupes. Les patientes mutilées sont principalement sénégalaises et peules, âgées de moins de 30 ans, musulmanes, avec un profil de classe populaire. Le taux de dépistage de ces patientes s'est amélioré au fil du temps dans la région rouennaise, permettant une prise en charge adaptée. Concernant le devenir obstétrical, les femmes mutilées accouchent plus souvent sans anesthésie de manière significative (p=0,031) et ont une phase de latence plus longue (p=0,0237). Les déchirures périnéales graves sont significativement plus souvent observées (p=0,002). L'épisiotomie semble protéger le périnée dans la plupart des cas. Elle est d'ailleurs significativement plus souvent pratiquée par rapport au groupe témoin (p=0,006). II n'a pas été observé de répercussion sur le devenir néonatal. Outre les conséquences physiques, les patientes mutilées ont une atteinte profonde de leur intégrité physique et de leur féminité. Ce sont des femmes qui méritent une prise en charge adaptée tant sur le plan physique que sur le plan psychologique. Mais des petites filles sont toujours victimes de cette tradition. Il est donc indispensable de faire de la prévention active et d'informer clairement les parents des répercussions néfastes de cette pratique. Conclusion : il ne semble pas y avoir de conséquences néfastes de l'accouchement voie-basse en pays d'accueil chez une femme excisée grâce à une prise en charge adaptée en milieu médicalisé et avec une attention particulière pour prévenir les possibles délabrements périnéaux. Les patientes mutilées requièrent une prise en charge spécifique, optimisée d'une parfaite connaissance du sujet par les professionnels de santé.ROUEN-BU Médecine-Pharmacie (765402102) / SudocSudocFranceF