Toxicités à long terme des traitements du lymphome de Hodgkin

La survie des patients traités pour un lymphome de Hodgkin a considérablement progressé au cours des 3 dernières décennies mais cette amélioration est associée à l'émergence de toxicités tardives. L'objectif de notre travail est d'évaluer, par une analyse rétrospective, l'incidence et les facteurs de risque de ces toxicités au sein de 304 patients de 15 à 60 ans pris en charge au centre Henri Becquerel au cours des 30 dernières années. Après un suivi médian de 8 ans, 68 patients sont décédés: 36,6% d'une progression de leur lymphome, 41,5% d'une toxicité liée au traitement (17,6% de cancer secondaire, 16,2% de pneumopathie ou d'une infection sévère, 2,9% d'une cardiopathie, 5,8% d'autres toxicités) et 20,6% d'une autre cause. 51,9% des patients ont présenté une toxicité pulmonaire avec une évolution le plus souvent chronique et une fibrose médiastinale et/ou pulmonaire radiologique en grande majorité asymptomatique, mais nécessitant une surveillance attentive de façon à prévenir les complications sévères. La radiothérapie médiastinale et le traitement par MOPP sont chacun associés à une fréquence plus importante de pneumopathie mais nous n'avons pas mis en évidence de toxicité cumulée de la bléomycine. La toxicité cardiaque apparaît chez 17,1% des patients et est majorée avec l'ABVD dont l'utilisation croissante pourrait conduire à une augmentation de ces toxicités dans les prochaines décennies. Le taux de second cancer est de 15,1% (incluant 10,5% de tumeurs solides et/ou 5,3% d'hémopathies). Les tumeurs solides apparaissent plus tardivement que les hémopathies secondaires mais leur incidence augmente constamment au cours du temps, sans atteindre de plateau. Les tumeurs solides les plus fréquentes sont celles du sein (5,1% des femmes) de la peau (2%) et du poumon (1%), ainsi que les sarcomes développés en zone irradiée (2%). Ces derniers sont observés à un taux élevé de façon inattendue et inexpliquée dans notre cohorte. Dans notre série, la mortalité liée à une toxicité secondaire est proche de celle liée à une progression de la maladie mais elle continue de croître plus de 20 ans après le diagnostic initial. Les profils de toxicités sont variables et reflètent les changements thérapeutiques des dernières années. Du fait de l'augmentation constante au cours du temps de ces toxicités secondaires sans évidence de plateau, nous recommandons une surveillance prolongée des patients traités pour un lymphome hodgkinien.ROUEN-BU Médecine-Pharmacie (765402102) / SudocSudocFranceF