Intercations entre conduites d'alcoolisation et conduites suicidaires (revue de la littérature)

Parmi les comorbidités psychiatriques, le mésusage d'alcool est fortement associé au risque suicidaire. En fonction des études on estime que 20 à 60% des suicidants présentent une dépendance alcoolique et que 35 à 60% des tentatives de suicide se font dans les suites d'une consommation d'alcool. Les effets aigüs d'une consommation d'alcool majorent les conduites suicidaires via une exacerbation de l'impulsivité sans forcément augmenter les idées suicidaires. Il semble que parmi les patients souffrant à la fois d'abus et/ou de dépendance à l'alcool et de trouble de l'humeur, les troubles dépressifs induits par la substance soient plus fréquent que les troubles indépendants. En pratique certains patients vont justifier leur consommation d'alcool en mettant en avant les effets bénéfiques du produit, comme pour traiter leur dépression. Cependant, les conduites d'alcoolisation secondaires à une symptomatologie dépressive restent minoritaires. Une alcoolisation aiguë ou chronique a sur le plan psychopharmacologique des effets GABAergiques, dopaminergiques et opioïdes. Les effets sur le système sérotoninergique sont, quant à eux, encore très incertains. Globalement, les différents auteurs considèrent qu'il existe un hypofonctionnement sérotoninergique chez les sujets alcoolodépendants. Néanmoins, les médicaments sérotoninergiques, n'ont pas vraiment montré leur efficacité sur la consommation d'alcool. Pour les sujets alcoolodépendants et dépressifs, l'arrêt de la consommation reste le premier traitement. Nombreuses sont les études génétiques qui se sont intéressées au métabolisme sérotoninergique dans les conduites d'alcoolisation et les conduites suicidaires. Pour l'instant, aucun résultat ne semble faire l'unanimité. Plus globalement, les effets de certaines politiques de santé concernant l'accès à l'alcool ont prouvé une influence sur les conduites suicidaires. Ces deux troubles interagissent donc très fortement. Cependant, une poursuite des recherches est nécessaire pour améliorer leurs prises en charge.ROUEN-BU Médecine-Pharmacie (765402102) / SudocSudocFranceF