Bénéfice d'une sensibilisation du personnel soignant et d'une architecture adaptée pour réduire la pratique de la contention physique en gériatrie

Introduction : La contention physique dite passive est un moyen couramment utilisé par les soignants pour assurer la sécurité d'un patient âgé considéré à risque de chute ou ayant des troubles du comportement. L'ANAES souligne ses conséquences néfastes, son manque d'efficacité et souhaite mener une politique de réduction de la contention grâce à la formation du personnel soignant et l'utilisation d'alternatives. Méthode : Pour mesurer l'impact de la sensibilisation des soignants et de la mise en place d'un environnement sécurisé pour les sujets âgés désorientés, nous avons analysé de manière prospective les pratiques de contention pour 213 patients hospitalisés dans les services gériatriques de court séjour, de soins de suite, de soins de longue durée et de neuropsychogériatrie (NPG) d'un CHRU. Pour des raisons statistiques (augmentation de la taille d'un échantillon), nous avons dû réaliser 3 enquêtes successives dans le service de NPG. Résultats : Cette population se caractérisait par une moyenne d'âge de 85+/-8 ans, 70% des patients souffraient d'un syndrome démentiel (MMS moyen 15+/-9), 56% présentaient des troubles du comportement, 68% étaient considérés à risque de chute, 58% avaient une perte d'autonomie sévère (GIR 1 et 2). La contention physique passive était retrouvée dans 22% des cas le jour et dans 63% des cas la nuit. Les sujets sans contention avaient un MMS moyen significativement plus haut (20+/-8 versus 12+/-8, p < 0,0001), un niveau d'autonomie meilleur (GIR 3,6+/-l versus 1,9+/-1, p < 0,0001), moins de troubles du comportement (34% versus 69%, p < 0,0001) et un risque estimé de chute moins fréquent (53% versus 77%, p = 0,001). Il apparaît surtout que dans l'unité d'hospitalisation (NPG) où le personnel a bénéficié d'une sensibilisation spécifique, où il peut se reporter à un protocole écrit pour gérer les crises d'agitation, mener des ateliers occupationnels pour les patients et où l'espace architectural a été sécurisé, la prévalence de la contention physique était significativement plus faible que dans les unités de soins de court séjour et de soins de suite (CSS) (prévalence contention de jour : NPG 2% versus CSS 15%, p = 0,009 ; prévalence contention de nuit : NPG 21% versus CSS 57%, p < 0,0001). Conclusion : Cette enquête montre l'impact des actions d'information sur les dangers de la contention et l'intérêt des protocoles permettant de gérer de manière rationnelle l'agitation et le risque de chute. Elle montre également le bénéfice indirect que procure une architecture qui optimise la sécurité des patients déambulants ou fugueurs et l'intérêt de la mise en œuvre de stratégies occupationnelles chez les patients déments.ST ETIENNE-BU Médecine (422182102) / SudocSudocFranceF