Staphylococcus aureus sécrétant la leucocidine de Panton Valentine (revue de 5 cas)

Le Staphylococcus aureus est un germe potentiellement pathogène chez l homme, responsable d infections suppuratives et de maladies toxiniques allant de l infection locale au tableau de sepsis grave. Son réservoir est l homme localisé surtout au niveau du bord antérieur des narines. Le pouvoir pathogène du SA est lié à sa capacité de survie et à ses nombreux facteurs génétiques de virulence, propres ou acquis. L un de ces facteurs de virulence est la sécrétion de toxines dont la leucocidine de Panton Valentine. Elle appartient à la famille des toxines synergohyménotropes et a un tropisme membranaire. Elle engendre la formation de pores transmembranaires responsables de troubles ioniques et osmotiques. Ces derniers sont la cause de lyses cellulaires avec libération des contenus granulaires et action pro-inflammatoire de cette leucocidine. Les polynucléaires neutrophiles, macrophages et monocytes en sont les cellules cibles. Le matériel génétique codant pour ce facteur de virulence est porté par prophage. Le caractère mobile et transmissible de ce génotype inquiète la communauté scientifique devant le risque d émergence de nouvelles souches circulantes. Ce génotype est, jusqu à présent, le plus souvent porté par les souches staphylococciques communautaires, aussi bien méticilline sensibles que résistantes. L incidence des staphylococcus aureus sécrétant la leucocidine de Panton Valentin est variable en fonction des régions du monde : 2 % en Europe, 30 % en Afrique. La prévalence des infections à SA en France est actuellement mal connue. Les souches sécrétant la leucocidine de Panton Valentine (SA PVL+) sont souvent impliquées dans des tableaux d infections cutanées nécrosants primitives : 86 % des furoncles, 37 % des abcès et 23 % des panaris. Elles le sont plus rarement dans des cas de pneumopathies et ostéomyélites nécrosantes au pronostic sombre touchant surtout des patients jeunes et sains. Certaines particularités cliniques doivent orienter vers ces tableaux septiques nécessitant, au plus vite, une prise en charge thérapeutique adaptée. Certains antibiotiques sont potentiellement utilisés pour leur propriété anti-toxiniques. Les immunoglobulines peuvent être une thérapie adjuvante dans les tableaux cliniques sévères. La prévention de ce type d infection repose sur le dépistage du portage nasal et son éradication qui est difficilement durable sur le long court. Mais l émergence de nouveaux profils de résistance peut compliquer la prise en charge thérapeutique. Cinq cas cliniques illustrent ce type d infections à SA PVL+. Les cinq patients présentent tous des lésions cutanées initiales évocatrices. Deux d entre eux ont dû être hospitalisés suite à une évolution péjorative des lésions primitives dont l un des deux présente un tableau d atteinte multi-viscérale avec altération de l état général. Pour les trois autres patients, la prise en charge est ambulatoire. Trois des cinq souches staphylococciques sont méticilline résistantes avec un profil de résistance évoquant le ST80, souche clonale circulant en France. Les deux autres sont méticilline sensibles non clonale avec des profils de résistance différents. Le dépistage du portage nasal intrafamilial n a été effectué que chez un patient. L évolution est favorable dans tous les cas.PARIS13-BU Serge Lebovici (930082101) / SudocSudocFranceF