La fumée de bois, un facteur de risque méconnu de BPCO (étude de cohorte rétrospective sur 50 patients non-fumeurs dans un service de maladies respiratoires à l'ïle de La Réunion)

L'OMS a reconnu, à partir d'études anglo-saxonnes, le rôle de la pollution due aux biocombustibles, comme facteur de risque de Bï;Cù, en particulier chez la femme. Cet état de fait reste pourtant méconnu dans le monde francophone et notre étude avait pour but de démontrer que ce facteur de risque, à savoir l'exposition chronique à la fumée de bois, était responsable de BPCO sur un territoire français. Notre objectif secondaire était de définir le phénotype de ces BPCO, en analysant les données spirométriques, gazométriques, radiologiques ainsi que le type de recours aux soins hospitaliers et le nombre total d'exacerbations. Nous avons conduit une étude rétrospective de cohorte sur base de dossiers médicaux. Cinquante patients exposés à la fumée de bois ont été recrutés entre 2001 et 2010 dans le service de maladies respiratoires du CHR Félix Guyon de Saint Denis de la Réunion. Quarante-cinq patients présentaient des critères spirométriques de BPCO, et 5 patients présentaient des critères cliniques de bronchite chronique. Ils étaient tous non-fumeurs et ne présentaient pas d'autres facteurs de risque de BPCO. Le sex-ratio était de 46 femmes pour 4 hommes, avec un âge moyen de 76,5 +/- 9 ans. La durée d'exposition au feu de bois était de 48 +/- 9 ans. Plus de la moitié des patients (59%) appartenait aux deux stades les plus sévères de la classification GOLD et 44 % présentaient une insuffisance respiratoire chronique grave et nécessitaient une OLD à domicile. Cette étude a permis d'authentifier des cas de BPCO secondaires à la pollution domestique sur un territoire français de l'océan Indien, l'île de la Réunion. L'exposition chronique à la fumée de bois semble être pourvoyeuse de BPCO aussi, voire plus sévères que celles secondaires au tabagisme. Il est important de ne pas méconnaître ce facteur de risque qui concerne la moitié de la population mondiale, essentiellement dans les pays en développement. Les professionnels de santé pourront ainsi diagnostiquer et traiter précocement ces BCPO, en attendant que les instances nationales et internationales mettent en place des initiatives pour éradiquer ce fléau.ROUEN-BU Médecine-Pharmacie (765402102) / SudocSudocFranceF