Hospitalisations en psychiatrie (portes ouvertes ou (re)fermées)

La désinstitutionnalisation a permis de sortir les malades mentaux des grandes structures asilaires et de les réinsérer dans la cité. Les modalités de soins se sont considérablement diversifiées et sont aujourd hui largement tournées vers des prises en charge ambulatoires. Cependant, l hospitalisation en temps plein en psychiatrie reste indispensable. L organisation par secteur et la réduction sensible du nombre de lits se traduit dans bien des services par une cohabitation de différents modes d hospitalisation: libre, à la demande d un tiers ou d office. Du côté législatif, l évolution est marquée par la loi de 1838, créée pour protéger la société, la loi du 27 juin 1990 instituant l hospitalisation libre et privilégiant la notion de liberté, et prochainement une réforme de cette loi, marquée par des préoccupations sécuritaires. Ceci amène à une réflexion sur la liberté de circulation pour les patients hospitalisés: certains patients hospitalisés sous contrainte nécessitent une surveillance constante, mais on ne peut ignorer l effet néfaste et stigmatisant d une prise en charge en service fermé. La Haute Autorité de Santé a émis des recommandations à plusieurs établissements de santé car des patients en hospitalisation libre étaient soignés dans des unités de soins fermées. Or, la prévention des fugues et des passages à l acte ne reposerait pas sur ce mode de fonctionnement. Après un large mouvement d ouverture de nos services, amorcé il y a près de 40 ans, la tendance est à un retour aux portes fermées , souvent au nom du principe de précaution . Avec le nouveau projet de loi concernant les soins psychiatriques sans consentement, il se pourrait que les portes des hôpitaux psychiatriques soient physiquement et symboliquement renforcées.New approaches made the release of psychiatric inpatients from large mental hospitals possible and enabled them to find their place in the city. Care managements considerably developed and are now highly based on outpatient treatment. However, psychiatric inpatient care remains necessary. District organization and the decrease of beds resulted, in many wards, in the coexistence of different types of patients: willing and unwilling hospitalisations. On a legal aspect, the progression has been influenced by the law of 1838, initially created to protect the community; the law of June 27th 1990 introduced voluntary hospitalisation and privileged freedom notions; and in the close future, a reform of this law, related to security concerns, will lead to new consideration about patients freedom: On one hand, some unwilling inpatients require a constant supervision; on the other hand, one cannot ignore the negative and stigmatic consequences of locked wards. The French National Health Authority published guidelines to different health institutions, since some voluntary inpatients were being treated in locked wards. However, the prevention of absconding events or of violent incidents should not be based solely on this type of organisation. Following a wide opening of our services, initiated about 40 years ago, the trend has now returned to locked doors , often as a precautionary measure. With the project law about unwilling mental health care, the doors of mental hospitals might physically and symbolically be reinforced.AMIENS-BU Santé (800212102) / SudocSudocFranceF