Les hypothermies iatrogènes (à propos de 33 cas notifiés au CRPV d'Amiens)

La régulation normale de la température implique une balance entre production et pertes de chaleur, l objectif étant de conserver la température centrale constante, c est l homéothermie. L adaptation des réponses physiologiques aux variations de température est dirigée par l hypothalamus qui constitue le centre régulateur de la température. Une hypothermie est définit par une température corporelle inférieure à 35C et peut, suivant sa gravité, avoir diverses conséquences physiologiques notamment au niveau neurologique, cardio-vasculaire ou encore hématologique. Dans la plupart des cas, ces changements se révèlent réversibles avec une prise en charge adaptée du patient comprenant notamment le réchauffement. Différentes pathologies peuvent être impliquées dans le développement d une hypothermie. Ainsi, une réduction de la production de chaleur peut survenir en cas de pathologies endocriniennes comme l hypothyroïdie ou le diabète. Ce dernier peut d ailleurs à lui seul constituer un facteur de risque de développer une hypothermie, surtout en cas de malnutrition. Certaines classes médicamenteuses sont connues pour induire des hypothermies. C est ainsi le cas des neuroleptiques ou encore des antidépresseurs tricycliques. Leur mécanisme d action est encore mal connu du fait de la complexité des systèmes de neurotransmission. Les antidiabétiques sont également souvent mis en cause dans la survenue d hypothermie par diminution de l apport énergétique aux cellules productrices de chaleur. Dans le cas de chirurgies, l environnement intra- et péri-opératoire ainsi que l induction anesthésique avec en particulier l administration de curares constituent des facteurs synergiques favorisant l hypothermie. Contrôler les pertes caloriques avant l opération chirurgicale permet de limiter la gravité de l hypothermie et améliore le suivi post interventionnel du patient. L analyse des notifications au Centre Régional de Pharmacovigilance d Amiens des hypothermies iatrogènes sur une durée de 14 ans confirme l implication forte des neuroleptiques et antidiabétiques dans la survenue de cet effet indésirable. A l inverse, aucune notification relative aux produits anesthésiques n a été recensée. La principale limite de cette analyse réside dans son faible effectif de 33 cas et il serait intéressant de compléter cette étude observationnelle avec les notifications recueillies par les autres CRPV.Normal temperature regulation involves heat production alternately with heat loss in order to keep the central temperature constant. This is known as 'homeothermia'. The hypothalamus controls the adaptation of physiologic responses to temperature variations. It is the temperature regulating center. Hypothermia is defined by a body temperature inferior to 35C and can have, depending on its seriousness, many physiologic consequences, in particular neurologic, cardiovascular, or hematologic ones. In most cases, these changes prove reversible with a suitable management of the patient which notably includes body warming. Different pathologies could be involved in the development of hypothermia. Thus, a decrease of heat production could arise in case of endocrinal pathologies such as hypothyroidism or diabetes. The latter on its own could be a risk factor to develop hypothermia, particularly in case of malnutrition. Some classes of drugs / drug classes are known to induce hypothermia. It is the case with neuroleptics or tricyclic antidepressants. Their action mechanism is still relatively unknown because of the complexity of neurotransmission systems. Antidiabetics are often pointed at in the development of hypothermia when generated by a decline of energetic provision to the heat producing cells. In case of surgery, intra- and per-operative environment as well as anaesthetic induction (particularly the administration of curares) are synergetic factors favouring hypothermia. Controlling the caloric losses before the surgery makes it possible to limit the seriousness of hypothermia and improve the post-interventional monitoring of the patient. The analysis of notifications of iatrogenic hypothermia to the Regional Center of Pharmacovigilance of Amiens over a period of14 years confirms the high involvement of neuroleptics and antidiabetics in the occurrence of this adverse effect. On the contrary, no notification referring to anesthetics drugs has been listed. The main limit of this study lies in its small size of 33 cases. It would be interesting to complete this observational study with the notifications collected by other Regional Centers of Pharmacovigilance.AMIENS-BU Santé (800212102) / SudocSudocFranceF