VIH-1 de groupe P (caractérisation épidémiologique, phénotypique et viro-clinique de la souche prototype RBF 168)

L'importante diversité virale au sein des VIH-1 a permis de distinguer 4 groupes de virus : M (Major) responsable de la pandémie actuelle, O(Outlier), N (pour non-M, non-O) et P, récemment décrit chez deux personnes d'origine camerounaise. Alors que l'ensemble des VIH-1 trouvait leur origine au sein des virus de chimpanzés de l'espèce Pan troglodytes troglodytes (VIScpzPtt), les virus du groupe P présentent des liens phylogénétiques étroits avec des virus (VISgor), retrouvés chez le gorille des plaines du Cameroun. Cette découverte a donc soulevé de nombreuses questions relatives à la diffusion de ce nouveau variant dans l'espèce humaine, à ses propriétés biologiques, et à la prise en charge virologique et thérapeutique de ce nouveau type d'infection. Pour apporter des informations complémentaires sur la circulation de ces virus, nous avons développé un algorithme séro-moléculaire de dépistage et caractérisation moléculaire, et estimé l'ancêtre commun le plus récent de ce nouveau groupe. Nous avons aussi approfondi les propriétés phénotypiques de la souche prototype RBF 168 par l'analyse de son infectiosité, de marqueurs d'adaptation à l'Homme et de son tropisme cellulaire. Enfin, nous avons collecté et analysé les données cliniques et immuno-virologiques du suivi de la patiente infectée, en l'absence de traitement d'une part, puis sous traitement antirétroviral. Aucun nouveau virus de groupe P n'a pu être mis en évidence dans les collections testées, malgré la réactivité de trois échantillons. La souche prototype a pu être isolée et amplifiée par le protocole habituel de culture ; celle-ci ne présente pas les caractères d'adaptation spécifiques à l'Homme, identifiés en partie chez les autres variants du VIH-1, en particulier une mutation en position gag-30 et la capacité des protéines Vpu et Nef à antagoniser le facteur de restriction cellulaire tetherine. L'infectiosité observée in vitro est également faible. D'autre part, l'étude des profils génotypiques naturels de résistance aux antirétroviraux de ce variant divergent a montré un polymorphisme important, proche de celui observé pour les VIH-1 O, virus humains les plus proches du groupe P. Malgré cela, la réponse viro-clinique au traitement instauré est efficace depuis plus de deux ans. En conclusion, l'ensemble de ce travail a permis d'approfondir les connaissances sur la souche prototype du VIH-1 P et de décrire l'efficacité immuno-virologique du traitement chez la patiente infectée, mais également d'élaborer une stratégie de dépistage et caractérisation d'autres variants de ce groupe, qu'il reste à mettre en évidence.ROUEN-BU Médecine-Pharmacie (765402102) / SudocSudocFranceF