Les internes de psychiatrie face aux soins sans consentement (présentation et pratique)

Introduction : Les études qui ont traité de la pratique et des représentations du soin sans consentement (SSC) chez les médecins sont peu nombreuses dans le paysage psychiatrique français. L intérêt de notre étude est de tenter de mieux comprendre cette pratique et ces représentations chez les internes de psychiatrie, qui participent pleinement à l orientation de cette mesure aujourd hui et qui sont appelés à la prescrire demain. Matériel et Méthodes : Etude quantitative, descriptive, transversale, menée au niveau national et réalisée à partir d un questionnaire passé sur internet. Résultats : 502 internes de psychiatrie ont répondu à notre questionnaire. Avant leur internat, la majorité des internes a été en contact avec les mesures de SSC lors de leur externat, et la représentation initiale de plus de la moitié des internes était à la fois sécuritaire et thérapeutique. Pendant l internat, moins d un interne sur quatre ne bénéficierait pas d une formation spécifique aux SSC. La grande majorité des internes ont considéré que le SSC n altère pas la relation médecin-malade à moyen et à long terme. Les internes de l étude sont quasi-unanimes à estimer la prépondérance de leur constat clinique sur leur orientation d une mesure de soins psychiatriques à la demande d un tiers (SPDT). Toutefois nous avons remarqué que plus les internes étaient jeunes (âge et année d internat) et avaient moins d expérience, plus ils étaient sous l influence de l incitation des urgences ou du tiers lorsqu ils ont eu à orienter des mesures de SPDT. Parmi les difficultés rencontrées dans cette pratique, la majorité des internes ont admis avoir habituellement une appréhension à l annonce d une mesure de SPDT au patient. Après la pratique des mesures de SPDT, la représentation des internes, qui n avaient pas de conception particulière ou qui avaient une conception sécuritaire, a évolué essentiellement vers une double représentation (sécuritaire et thérapeutique). Conclusion : Les internes de psychiatrie de l étude, dans leur quasi-globalité, ne conçoivent pas une pratique de leur discipline sans les mesures de SSC. Ils proposent principalement davantage de formation et d information des acteurs intervenants dans les mesures de SSC, afin d améliorer les dysfonctionnements constatés lors de leur pratique.Introduction: Few are the studies revolving around the practices and representations of treatment without consent in the French psychiatric landscape. This study is an attempt to understand and assess this procedure and its representations for psychiatry interns who play a crucial role in the orientation of this measure and who are to prescribe it in the future. Material and Method: Quantitative, descriptive and transversal analysis, led nationwide and supported by an electronic survey. Results: 502 psychiatry interns answered the survey. Before their residency, most part of these interns were exposed to this measure during their externship, and the first representation of more than half of them was therapeutic and founded on the notion of safety. During their residency, less than one intern out of four would benefit from a specific training about treatment without consent. Most of them stated that this measure did not alter the doctor-patient relationship. The interns choose almost unanimously their own clinical records over the possible psychiatric treatments requested by a third party. However, it was established that the younger and the more inexperienced the interns were, the more easily influenced they were by a third party or by the Emergency Department. Most part of them admitted that this procedure was arduous, mentioning their apprehension before the announcement of such a measure to their patient. When the interns who did not have any particular representation, or had a safe representation, about this procedure undertook it, their conception evolved and became both therapeutic and founded on safety. Conclusion: Most of the psychiatry interns do not conceive exerting their discipline without making medical decisions without their patients consent. They primarily lament the lack of formation and information from the actors of these procedures, which would fix some of the dysfunctions they noticed as future doctors.AMIENS-BU Santé (800212102) / SudocSudocFranceF