Le repeuplement des faubourgs du Vieux-Montréal: le difficile conciliation entre intentions urbanistiques et intérêts privés dans un grand projet urbain

On parle beaucoup, depuis quelques années, de l'émergence d'un « urbanisme néolibéral » et du rôle croissant que joue le secteur privé dans la mise en œuvre des politiques publiques urbaines. En contrepartie, on s'attarde somme toute assez peu, du moins au Québec, aux modalités précises de ce rapprochement avec l'entreprise privée. Or dans la culture urbanistique québécoise, une telle collaboration ne va pas de soi. Si, comme le soulignait il y a quelques années F. Asher, un nouvel « urbanisme partenarial » doit désormais « permettre des compromis, conformes au projet de la cité, mais modulés en fonction des intérêts des partenaires dont il a besoin » (Ascher, 1994 : 15), encore faut-il comprendre la réalité de ce nouveau partenaire privé, dont la grande autonomie rend les décisions peu prévisibles. Dans cette communication, pour illustrer cette difficile mais désormais nécessaire convergence entre les intérêts publics et privés, nous nous appuierons sur une double étude de cas portant sur le réaménagement à des fins principalement résidentielles de deux grandes friches industrielles situées de part et d'autre de l'arrondissement historique de Montréal: le faubourg Québec et le faubourg des Récollets. À partir du milieu des années 1980, une nouvelle administration municipale progressiste caresse de grandes ambitions pour ces secteurs longtemps laissés à l'abandon, qu'on rebaptise alors Nouveau-Montréal (Cournoyer 1998). Après des concours internationaux et plusieurs études prospectives, on adopte une série de plans et de politiques visant à encadrer le développement des faubourgs, ainsi qu'à y stimuler la construction résidentielle