Psychose blanche, psychose froide, psychose ordinaire, états limites, symptômes négatifs de la schizophrénie (points de convergence et différences)

Introduction : Au début des années 1970, A. Green et J.L. Donnet proposaient le concept de Psychose Blanche, E. et J. Kestemberg, S. Decobert, celui de Pychose Froide (dans le champ freudien), états psychotiques dont seraient relativement absents délire et hallucinations. Le cadre des Psychoses Non Délirantes émerge et se distingue du cadre nosographique habituel, où, traditionnellement, c est le délire qui fait la psychose. Le paysage analytique en est venu peu-à-peu à se diviser entre ceux qui en soulignaient les correspondances possibles avec les pathologies limites puis, plus récemment, avec les symptômes déficitaires de la schizophrénie, et entre ceux qui réfutaient ces concepts, ce qui a ouvert la voie à l élaboration de la Psychose Ordinaire (J.A. Miller dans le champ lacanien). La remise en perspective bibliographique de ces concepts est susceptible d ordonner ce flou nosographique, et de mettre en évidence les points de convergence et les différences que ces descriptions théorico-cliniques entretiennent les unes avec les autres. Matériel et méthode : Notre questionnement personnel, au départ centré sur la psychose blanche, nous a conduits à la démarche d une revue non exhaustive de la littérature ouvrages de référence et articles -. Nous nous sommes ainsi attachés à restituer les grandes lignes de la pensée de Green pour redéfinir la psychose blanche, d E. Kestemberg pour la psychose froide, et de J.A. Miller pour la psychose ordinaire. L obole apportée par C. Melman en termes de nouvelle économie psychique ne nous a pas semblée superflue pour mettre en évidence les liens que ces descriptions pouvaient entretenir avec le cadre des pathologies limites (abordée selon l approche d O. Kernberg et de J. Bergeret) et avec celui plus classique de la schizophrénie déficitaire. Le rappel de l apport de J. Lacan dans l abord théorico-clinique de la psychose : forclusion du Nom-du-Père, sinthôme et suppléance, nous a semblé nécessaire. Discussion : Chaque théoricien a formulé son approche de la psychose non délirante en fonction de ses propres outils théoriques, par conséquent, ces concepts, sortant des rails de la psychiatrie classique, ne sont pas superposables, ni entre eux, ni avec la schizophrénie déficitaire, l hébéphrénie, la dépression atypique. Néanmoins, leur rapprochement est possible sous plusieurs angles, comme le montre le caractère transversal de la dimension dépressive. Cela montre l intérêt de redéfinir les points présidant à l identification de la structure psychotique. Conclusion : A l issue de ce survol épistémologique aux confins de la psychose (disait Green), il nous est apparu que ces états psychopathologiques tendaient à réaliser un ensemble clinique homogène, de la tonalité (disait Miller), se déclinant sur le continuum Normal-Pathologique défendu par Canguilhem (qui souscrivait à une approche continuiste de la maladie mentale, qui elle-même sous-tendrait l approche dimensionnelle).AMIENS-BU Santé (800212102) / SudocSudocFranceF